Construction du Musée des civilisations noires : Abdou Latif Coulibaly dénie à Abdoulaye Wade la paternité

Le ministre de la Culture était avant-hier, devant les députés pour faire voter son budget 2019. A quelques heures de l’ouverture officielle du Musée des civilisations noires, il a été question de cet édifice, dont le ministre refuse toute paternité à son concepteur Abdoulaye Wade.
Le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly dénie toute paternité du Musée des civilisations noires à l’ancien Président du Sénégal Abdoulaye Wade. A l’Assemblée pour le vote de son budget annuel 2019, le ministre de la Culture a fait savoir qu’il était impossible de chercher une paternité par le droit. «Cette œuvre (Ndlr : Le Musée des civilisations noires (Mcn) appartient à tous les présidents du Sénégal d’une manière ou d’une autre. Dans un édifice même si vous avez apporté un papier, vous avez participé à la construction de cet édifice», lance-t-il d’abord, indiquant qu’en ce qui le concerne, le Président Macky Sall ne revendique absolument pas la paternité de quelque ouvrage que ce soit.
Seulement, les faits sont têtus aux yeux du ministre, qui n’accorde aucune gloire au fait de poser de simples pierres. «On m’a dit tout à l’heure dans l’Hémicycle, oui il a posé la première pierre. L’Université du futur africain, on avait posé la première pierre. La nouvelle capitale du Sénégal, on avait posé la première pierre. On avait même mis dans le budget de l’argent. Est-ce qu’ils sont là ?», demandera-t-il. Avant d’ajouter : «C’est peut-être important mais ça n’a pas de signification particulière autre que celle d’indiquer qu’à un moment de l’histoire, un président de la République a eu à s’occuper de cet aspect des choses. Et sur ce qu’il a fait, vont reposer les actions futures», note-t-il, indiquant qu’il est parfois même «surréaliste» d’entendre un certain nombre de débats sur ces questions.
Répondant au député Cheikh Abdou Mbacké, le ministre de la Culture a fait l’historique du Musée des civilisations noires, dont le projet de construction remonterait à 1925 si l’on se fie aux propos de M. Coulibaly. «En 1925 déjà, Lamine Senghor avait évoqué la nécessité d’un tel projet. Et cela a été réaffirmé en 1957 par les intellectuels et artistes africains réunis à Rome. Puis en 1966, lors du festival mondial des arts nègres, il a été décidé que Dakar abritera ce Musée», soutient-il, rappelant également qu’en 1974, un conseil des ministres spécial s’était tenu avec comme invité René Maheu, Directeur général de l’Unesco. «Cette dernière institution fut chargée de mener les travaux relatifs au Musée et une lettre est aujourd’hui adressée à cette institution pour le rapatriement de tous les documents produits à cet effet. L’Unesco va en témoigner lors de l’inauguration du Musée avec tous les articles», a informé le ministre qui a estimé tenir là une «preuve» suffisante «que poser une première pierre ne veut pas dire que c’est vous qui avez fait». «Et celui qui l’a réalisé de façon concrète ? Un Musée vous l’avez construit. Il faut l’équiper. Ce sont des milliards qui l’équipent. Ce n’est pas Abdoulaye Wade qui l’a équipé. Lui-même, s’il n’avait pas trouvé des projets ficelés par le Ps, il n’aurait certainement pas réalisé ce qu’il a fait», renchérit-il.
Contenu du Musée
Et sur le contenu du Musée, le ministre a renseigné par ailleurs qu’une place importante aménagée au premier étage, sur une superficie d’environ 300 m2, est destinée aux «valeureux guides et marabouts» du Sénégal, tels que Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Malick Sy, Mame Limamoulaye, Mame Bou Counta, Thierno Souleymane Baal, El Hadj Oumar Tall, Baye Niass, El Hadji Ahmed Dème… dans le but de vulgariser l’œuvre et la dimension de ces derniers. Le Musée abritera également, selon toujours le ministre, une reconstitution des cercles mégalithiques, afin que la nouvelle génération puisse comprendre que ses ancêtres ont su travailler la pierre pour en faire un objet artistique.
Le budget du ministère de la Culture, arrêté à la somme de 24 milliards de F Cfa contre 23 milliards en 2018, servira entre autres, à la réhabilitation de quelques bâtiments et sites historiques dans le pays et à la construction à Gorée d’un Institut de valorisation de ce site de conscience. Il est également prévu dans ce même endroit, la mise en place d’instruments de recherche et de documentation pour rendre l’île plus attractive et permettre aux personnes soucieux de développer leur culture en ce qui concerne l’esclavage de bien s’outiller.
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