C’était le remue-ménage hier au nouveau siège de l’Association sénégalaise des hémodialysés et insuffisants rénaux (Ashir). Ses dirigeants ont convoqué la presse et quelques-uns de leurs membres pour faire l’état des lieux du nouveau centre et présenter ses activités, mais la visite n’a pu se faire. Les insuffisants rénaux, qui trouvent ce centre inopportun, accusent le président et le secrétaire général de vouloir accaparer leur association alors qu’ils ne sont pas malades.

Les dirigeants de l’Association sénégalaise des hémodialysés et insuffisants rénaux du Sénégal (Ashir) et les malades ne parlent plus le même langage. Les deux parties ont étalé leurs divergences devant la presse, invitée à visiter le nouveau centre de traitement construit par l’Ashir. Les malades accusent le président et le secrétaire général d’accaparer leur association alors qu’ils ne sont pas malades. «Vous n’êtes pas malades, vous n’êtes pas atteints d’insuffisance rénale, vous ne faites pas de dialyse», tonne Ndèye Coumba Diagne, interrompant du coup le face-à-face avec la presse. El Hadji Ndiaye s’en mêle aussi : «Vous ne pouvez pas décider à notre place alors que vous n’êtes pas malades. C’est nous qui connaissons nos réels problèmes», crie-t-il, amer.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la construction du nouveau centre de traitement et les 55 millions de francs Cfa offerts par Marième Faye Sall. Pour les insuffisants rénaux, le centre n’est pas une priorité. Ils révèlent que parmi eux il y a des gens très malades à qui on refuse la dialyse. Ndèye Coumba désigne dans l’assistance un homme, les pieds enflés. Il marche à peine. «Est-ce que cet homme connaît le bien-fondé de ce centre ? Il a besoin de dialyse et l’Ashir refuse de le prendre en charge. Et vous dites que ce centre appartient aux malades. Je n’y crois pas», soutient-elle. Poursuivant son propos, elle avance : «Moi je peux parler de cette maladie. Je la connais, cette maladie. J’ai fait un an 25 jours de coma. Je n’ai pas peur de la mort.» Pour Ndèye Coumba et les autres malades, ce n’est pas à l’Ashir de construire un centre, mais à l’Etat de le faire. Elle estime que le rôle de l’Ashir est de «sensibiliser les malades, de les assister et de les accompagner dans les soins, mais pas de les utiliser comme un fonds de commerce. C’est indécent», juge-t-elle.
Mais le président de l’Ashir, Amath Sarr, pense le contraire. Il se vante du bien-fondé de cette infrastructure construite par l’Ashir et affiliée au ministère de la Santé et de l’action sociale. «D’ailleurs, 65 malades y sont pris en charge. Il s’agit des malades qui étaient inscrits sur la liste d’attente de Dantec et de Hoggy», révèle le président. Revenant sur l’historique du centre, il soutient que cette infrastructure a vu le jour grâce aux retombées financières du téléthon organisé le 23 juillet 2011 où l’Ashir avait récolté 105 millions de francs Cfa. La Première dame a même visité le centre. «Touchée par l’ampleur et la gravité de cette maladie, elle nous a mis en rapport avec Ecotra, une entreprise qui s’est engagée à agrandir le bâtiment en R+3 pour un coût global de 400 millions de francs Cfa.»
Quant au secrétaire général, il dit comprendre la colère des malades, car de son avis, ils voulaient se partager les 55 millions que la Première dame leur a offerts. Ce qui, selon lui, est impossible. Balayant les accusations selon lesquelles ils font de l’Ashir un fonds de commerce, le président a indiqué qu’il est prêt à recevoir des personnes mandatées par l’Etat pour auditer sa gestion. Il a tenu à laver son honneur devant la presse en expliquant toutes les dépenses qu’il a pu effectuer dans le cadre de la construction de ce centre.
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