Selon les statistiques de l’Itie, moins de 30% des 1400 milliards F Cfa du contenu local sont allés aux sociétés nationales. Pour corriger cette situation, il est prévu une nouvelle plateforme électronique pour mettre en relation les compagnies minières et les fournisseurs locaux.Par Cheikh CAMARA –

Les achats locaux, par rapport au contenu local concernant le secteur des mines, continuent d’être une véritable problématique. D’ailleurs, les statistiques de 2021 indiquent que sur les 1400 milliards du contenu local, moins de 30% sont allés aux sociétés nationales. Toutefois, une nouvelle plateforme électronique devrait permettre de mettre en relation les compagnies minières et les fournisseurs locaux.

Des initiatives sont déroulées par le ministère des Mines et de la géologie pour apporter les correctifs adéquats concernant la problématique des achats locaux, qui reste également une grande préoccupation au niveau des sites miniers qui sont parfois abondamment fournis en électricité, en eau, etc. Alors que, paradoxalement, les villages environnants en manquent. C’est ainsi que l’étape de Thiès, en marge d’une tournée nationale au niveau des régions minières, a permis au Secrétaire général de ce ministère, Ibrahima Guèye, et au Service technique chargé du contenu local dans le secteur des mines, de présenter la nouvelle plateforme électronique qui devrait mettre en relation les compagnies minières et les fournisseurs locaux. «C’est dans le cadre du processus du contenu local, qui est une nouvelle politique adoptée par le gouvernement pour optimiser davantage les retombées issues du secteur minier», note le Sg du ministère. Il constate : «En effet, une bonne partie du contenu local, en tout cas tout ce qui concerne les salaires, l’approvisionnement en biens et services, est accaparée par des entreprises étrangères.»

C’est ce qui ressort d’ailleurs des statistiques émanant du bulletin annuel 2021 qui note que le contenu local était chiffré à 1400 milliards de F Cfa. Et plus de 70% de cette enveloppe se retrouvent dans l’escarcelle des sociétés étrangères, contre moins de 30% pour les sociétés nationales. Cette situation concerne cependant les mines industrielles, le processus étant renversé pour les carrières qui emploient ainsi beaucoup plus de fournisseurs locaux que de fournisseurs étrangers.

Le Secrétaire général du ministère des Mines et de la géologie remarque qu’il s’agit à travers cette plateforme, de «réduire le gap et, pourquoi pas, de renverser totalement la tendance, afin de permettre aux Petites et moyennes entreprises (Pme) et Petites et moyennes industries (Pmi) locales de pouvoir gagner des parts de marchés significatives dans le secteur minier». Ce qui permettrait, à terme, dit-il, d’«aller vers la structuration de notre économie, avec une industrie porteuse d’emplois, de plus-value et de croissance». Et de poursuivre : «Quand on parle de local national, pour ceux qui sont au niveau national, il s’agit à travers ce mécanisme, d’opérer des transferts de technologie et de savoir-faire, parce que le secteur minier est très technique, avec beaucoup de technologies innovantes. Il s’agit d’accompagner les Pme et Pmi à travers ce transfert, afin qu’elles puissent s’approprier ces nouvelles techniques, pour être suffisamment compétitives et dans les conditions de fournir tous les services attendus par les opérateurs miniers. L’objectif fixé d’ailleurs est d’arriver à 50% d’ici 2030.»

Aussi de rappeler : «La Chambre des mines du Sénégal (Cmds), une association à but non lucratif, regroupant une cinquantaine de sociétés minières et de sous-traitants agissant dans les domaines de l’exploration et de l’exploitation minière sur l’ensemble du territoire national, avait initié une consultation à Thiès en 2022. C’était dans le cadre de la recherche de conditions favorables à une expansion durable du secteur minier et de l’économie nationale, mais aussi de favoriser l’émergence d’un secteur minier dynamique et structuré.» C’était sous la forme d’un atelier régional sur les achats locaux dans le secteur minier, qui s’inscrit en droite ligne des orientations de la politique gouvernementale en matière de contenu local.

Le président de la Chambre des mines du Sénégal d’alors, Daour Dieng, avait déclaré que sur «les 715 milliards F Cfa d’achats réalisés par les mines, seuls les 28% profitent aux entreprises nationales, et cette tendance pouvait bien être inversée». Il explique : «Pour atteindre cet objectif, il faut que tous les acteurs qui se retrouvent autour de ce processus, puissent s’asseoir autour d’une table pour échanger et décliner les voies et moyens à mettre en œuvre.»
Correspondant