Contestations violentes : Les muscles chassent les idées

2 morts. 2 Sénégalais calcinés. 2 décès de plus pour une question de positionnement politique. C’est de trop ! Si pour l’heure, c’est à la Justice d’en situer les responsabilités, une chose reste certaine : le discours en est la principale cause. On est loin de la tolérance et du politiquement correct, qui assuraient la préservation de la liberté d’expression. Maintenant, c’est la terreur qui veut gouverner les idées. Quel est le message qui est derrière l’attentat du bus à Yarakh ? S’il n’y avait pas mars 2021, des appels à la résistance, la banalisation de la fonction de maintien de l’ordre, est-ce qu’il y aurait eu ce drame ? Même le plus grand théoricien politique ne peut justifier le bien-fondé de cet acte barbare.
En tout cas, cette nouvelle forme de contestation n’a rien à envier aux méthodes terroristes. Opter pour des coups d’éclat avant de prendre la fuite ne peut perdurer, tout comme le terrorisme verbal que certains néophytes veulent imposer.
La contestation est légitime, mais l’usage de la force ne saurait être expliqué. Et malheureusement, c’est devenu une mode. Au moindre désaccord, la rue se fait sentir d’une manière violente.
C’est l’une des conséquences du «Gatsa-gatsa», théorisé par Ousmane Sonko et le défunt parti Pastef. En effet, faire miroiter l’idée selon laquelle on peut s’en prendre aux biens de l’Etat sans conséquence, parce que des membres de la mouvance présidentielle auraient posé des actes contraires à ses intérêts, est l’erreur qu’il ne fallait faire.
En mars 2021, les manifestants, certainement exaspérés par les conséquences économiques de la crise sanitaire, ont exprimé leur colère en caillassant et pillant des biens publics comme privés. Le chef de l’Etat les avait mal «entendus» en proposant des solutions, en lieu et place d’un message fort. Le Président Macky Sall avait donné raison à Winston Churchill, qui disait : «Une politique d’apaisement face à la menace, c’est nourrir le crocodile en espérant être dévoré le dernier.»
Aujourd’hui, le Sénégal a atteint un niveau alarmant. Les émeutiers se permettent d’arrêter les automobilistes et de mettre le feu à leurs biens. Et le plus dur, c’est quand la vidéo atterrit sur les réseaux sociaux. «Si Ousmane Sonko n’a pas la paix, personne ne sera en paix. Et qu’il n’y a pas de personne neutre», disent-ils avec des moqueries et insultes.
Par Malick GAYE – mgaye@lequotidien.sn