Contexte et prétexte du 23 juin : L’IED À L’ÉPREUVE

Imposer le retrait des projets de révision de la Constitution et du Code électoral : C’est le sens de la manifestation annoncée par l’Ied devant l’Assemblée nationale. Mais il faudra plus d’arguments pour créer le même contexte et le même prétexte pour espérer l’ampleur d’un 23 juin bis.
Projet contre projet. Abdoulaye Wade avait voulu imposer une modification constitutionnelle pour faire passer un ticket d’entrée facile au Palais avec un vice-président sous le paravent d’une succession dynastique et un quart bloquant qui bloquerait un adversaire au 2ème tour. Mais la levée de boucliers n’était pas que pour ce passage en force mort-né qui devait être légitimé par une majorité écrasante et confortable. Il y avait tout un cocktail social qui avait touché tous, ou presque, les secteurs. Il y avait à côté une haute tension du fait des coupures de courant ou du rationnement qu’un certain 27 juin viendra exploser en pleine nuit sombre dans Dakar et sa banlieue. C’est parce qu’aussi il y avait déjà une opposition unie au moins autour d’un idéal : Benno siggil senegaal et les Assises nationales. Qui va cependant éclater plus tard.
A la place d’un 23 mars devant la Place Washington, l’Initiative pour des élections démocratiques (Ied), qui n’a pas encore choisi de date, compte se pointer devant les grilles de l’Assemblée nationale pour dénoncer le passage des deux projets de loi relatifs à l’instauration du parrainage des candidatures par 1% des inscrits sur le fichier électoral. Il est vrai que le contexte, comme celui du 23 juin 2011, est que nous sommes à la veille d’une élection présidentielle. Il est vrai aussi que le prétexte, c’est aussi la révision de la Constitution. Mais l’enjeu du ticket qui valait la chandelle de l’occupation de la Place Soweto est-il de la dimension que celui de l’introduction du parrainage ? Comme il est vrai aussi que la situation sociale est en ébullition. Mais l’Ied qui ne regroupe que quelques partis de l’opposition dont le plus représentatif est le Pds n’est pas si forte qu’elle devrait l’être. Si pour le rassemblement de jeudi à Djiddah Thiaroye Kao, Sonko et autres ont honoré de leur présence, Oumar Sarr et Mamadou Diop Decroix étaient comme esseulés le 9 mars dernier. Encore que l’autre opposition, en l’occurrence Idrissa Seck, Malick Gakou et leurs alliés khalifistes n’y ont pas pris part. Et c’est là la faiblesse de l’unité de l’opposition. A moins que Idy et Cie rejoignent le front.
Seulement, l’opposition devra encore franchir la barrière de l’arrêté Ousmane Ngom qui interdit toute manifestation sur le périmètre du centre-ville qui concerne aussi la Place Soweto. Au passage, ce fameux arrêté avait été pris après le 23 juin 2011.
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