Contrat d’affermage de l’électricité au Congo : SENELEC DÉLESTÉE À BRAZZA

Alors que le ministre Birame Soulèye Diop était encore dans leurs murs, ses collègues ministres congolais ont décidé «de ne pas valider le contrat d’affermage de la Socelec». En d’autres termes, les Sénégalais devront encore attendre longtemps avant de décider de la distribution et la commercialisation de l’énergie électrique au Congo-Brazzaville.
Par Mohamed GUEYE – Hier, les médias congolais ont annoncé la décision du Conseil des ministres congolais, réuni à Oyo -le Yamoussoukro congolais-, de suspendre le contrat d’affermage liant la Senelec sénégalaise à l’Etat congolais pour l’exploitation des services de distribution et de commercialisation de l’électricité au Congo Brazzaville. Une décision d’autant plus ubuesque qu’elle est tombée au moment où le ministre sénégalais de l’Energie, Birame Soulèye Diop, se trouvait dans cette ville, et venait d’ailleurs d’être reçu par le chef de l’Etat congolais, Denis Sassou Nguesso. Des images sont parues dans les médias locaux, de cet entretien.
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Le Conseil des ministres du Congo justifie la suspension du contrat d’affermage accordé à la filiale de la Senelec, dénommée Socelec, par «les nombreuses critiques émises dans les médias et sur les réseaux sociaux (…)». Le communiqué ajoute que «les préoccupations soulevées mettent en lumière certaines zones d’ombre entourant le contrat, ce qui a conduit à cette prudente retenue». Il semblerait que les syndicats de la société nationale Energie électrique du Congo (E2c) ont mis une forte pression sur les pouvoirs publics pour que le contrat d’affermage, signé depuis le 26 février, ne puisse pas voir un début d’application.
Ils reprocheraient, entre autres griefs, à la filiale de la Senelec, d’avoir entamé ses activités avant même d’avoir fini son processus de légalisation. Autre grief, qui vaut ce qu’il vaut, et ferait certainement plaisir au député Tahirou Sarr, les syndicalistes congolais acceptent mal que le Conseil d’administration ne comprenne qu’un seul administrateur congolais, alors que, outre le Dg et le Pca, tous les autres membres du Conseil sont des Sénégalais.
En plus de ces griefs, des prestataires, relayés par les médias locaux, mettent en avant l’inexistence de capital de démarrage de la Socelec, alors que les membres du Conseil, en majorité sénégalais, mèneraient un train de vie princier.
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Quoi qu’il en soit, cette suspension, qui n’est pas une annulation du contrat, se présente sinon comme une belle gifle, en tout cas comme un joli camouflet pour le Dg de la Senelec, Papa Toby Gaye, et surtout son ministre de tutelle, Birame Soulèye Diop, et le gouvernement qu’il représente. Au moment où nos dirigeants, à coups d’arrestations et d’inculpations tous azimuts, ne cessent de menacer les entrepreneurs privés sénégalais des foudres de la loi s’ils sont pris dans un soupçon de dérapage financier, le fait qu’une opération entreprise sous leur égide soit jugée «empreinte de zones d’ombre» n’est pas un bon signe pour le Jub, Jubal, Jubanti. Il ne faut pas oublier que ce revers intervient à peine quelques mois après la décision du ministre de l’Hydraulique d’annuler le contrat d’usine de dessalement de l’eau de mer avec les Saoudiens d’Acwa Power -décision suivie, quelques jours plus tard, par un revirement du même ministre et sa repentance à Jeddah. Pour ne citer charitablement que ces deux exemples.
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Peut-être qu’au lieu de faire du tourisme pour adouber des putschistes reconvertis en démocrates, ou pour se réconcilier avec les patrons du Groupe Jeune Afrique, le Président Diomaye Faye devrait prendre son bâton de pèlerin et entamer une tournée de diplomatie économique, à l’image de Macky Sall ?
mgueye@lequotidien.sn