La décision prise par le président de la République, de bâtir des consensus autour de la réconciliation nationale, de l’apaisement et de la pacification de l’espace public en vue de consolider la stabilité politique, économique et sociale, est un acte fort louable, mais très intrigant suivant le caractère que certains membres de la société dite civile veulent la faire prendre, à savoir libérer Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, les principaux leaders de l’ex-parti Pastef dissout.

La question que nous nous posons avant même d’argumenter sur le sujet, est de savoir où étaient les leaders de la Société civile, les intellectuels et autres acteurs qui prônent cet élargissement, lorsque ces gens bafouaient les fondamentaux de la République. Face à l’appel à l’insurrection, à l’obstruction à la manifestation de la vérité en refusant de répondre devant la Justice, au complot contre l’autorité de l’Etat et aux différents actes que M. Sonko et ses affidés ont posés et qui ont visé à compromettre la sécurité publique jusqu’à créer des troubles politiques graves avec mort d’hommes, l’Etat devrait-il rester les bras croisés ? La sécurité du pays et des populations était fortement remise en cause, son image et son économie sérieusement écornées à cause des turpitudes d’un seul homme. Personne n’a levé le plus petit doigt. On a laissé le Président, la Justice, les Fds seuls, face à une horde de gens qui cherchaient coûte que coûte à se soustraire à la Justice, en essayant de transformer un problème entre deux citoyens en un problème entre l’Etat et un opposant politique.

L’ex-parti Pastef a posé, entre mars 2021 et juin 2023, des actes pouvant être assimilés à du terrorisme, avec leur lot de morts. Le terrorisme étant défini comme «l’usage calculé de la violence à des fins d’intimidation et de coercition, pour atteindre des objectifs politiques, religieux, idéologiques ou autres».

Nous faisons partie de ceux qui pensent que tant que les accusations portées contre ces personnes ne sont pas élucidées, elles ne devraient bénéficier d’aucune clémence pour se refaire une virginité politique. Pour moi, aucun d’entre eux n’est digne de confiance pour briguer la magistrature suprême. Les Sénégalais doivent montrer que de telles personnes ne doivent pas accéder à des postes de responsabilité publique, encore moins être à la tête du pays, au risque de banaliser de tels faits et de compromettre notre cohésion sociale.

Personne n’est au-dessus de la loi et il ne doit exister aucun arrangement politique sur le dos de la République, pour des hommes politiques victimes de leurs propres turpitudes ! Ce serait créer une rupture d’égalité entre citoyens d’une même République.

Le fait de libérer déjà plus de 300 personnes détenues à la suite des événements violents que nous avons vécus en mars 2021 et juin 2023, sur la base de la décrispation du climat politique, pose sérieusement problème, à plus forte raison d’élargir maintenant les principaux protagonistes à la base des faits qui ont conduit à ces actes contre la société. Ce serait un pied de nez à la Justice, une entorse à notre démocratie, un appel d’air à la légitimation de la violence dans le champ politique, voire tout simplement dans nos actions revendicatives comme mode d’expression ou d’imposition de notre point de vue.

Ce serait une façon de faire coucher l’Etat et de donner raison aux dirigeants de l’ex-parti Pastef quant aux motifs qu’ils avançaient (complot) à propos du différend qui a opposé leur leader à une citoyenne sénégalaise qui l’accusait de viols et de menaces de mort. Si un tel cas de figure se matérialise, Ousmane Sonko aura gagné «sa guerre» et dompté l’Etat.

Si à chaque fois que nous nous trouvons devant une impasse politique, créée par les hommes politiques eux-mêmes, nous devons tordre le bras à l’Etat, à la Justice, aux institutions de la République, aux Forces de défense et de sécurité, alors nous aurons participé à scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Au fur et à mesure que nous scierons cette branche, elle finira par se rompre, se briser, avec toutes les conséquences possibles, et nul ne sera désormais à l’abri. Il suffit de voir ce qui se passe dans certains pays, comme Haïti pour ne pas le nommer, pour réfléchir 7 fois avant de prendre une telle décision lourde de conséquences.

N’affaiblissons pas l’Etat, pour notre bien à tous, y compris ceux que je viens de citer. Ce ne serait même pas bon pour eux, et pour tous ceux qui aspirent à diriger le pays. Nous lançons un appel à la vigilance et à la préservation de l’autorité et de la stabilité de l’Etat. L’Etat joue un rôle essentiel dans la gouvernance, la sécurité, l’économie et le bien-être de la société. Il est important de veiller à ce qu’il reste fort et capable de remplir ses fonctions régaliennes pour le bien de tous.
Barthélemy SENE
Ressenti d’un citoyen lambda