Contre l’émigration clandestine : Diomaye demande aux jeunes de rester chez eux
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Après le passage des ministres des Sports et de l’Industrie, le président de la République, en provenance de Kaolack, est passé par Mbour où a eu lieu le naufrage de migrants. 46 morts ont été recensés depuis dimanche. Par Alioune Badara CISS –
A la plage de Tama Lodge où les corps des migrants avaient été acheminés, le président de la République a tenu à se rendre sur les lieux pour honorer la mémoire des disparus. «Je voudrais dire à l’endroit du Peuple sénégalais, à l’ensemble des compatriotes, que c’est avec une immense tristesse que je me tiens ici aujourd’hui face à cette tragédie humaine qui nous bouleverse tous. La Nation est en deuil et la situation est particulièrement insoutenable. Je voudrais au nom de cette Nation, présenter mes condoléances aux familles éplorées. Et leur dire toute la solidarité de l’Etat et de l’ensemble du gouvernement face à la tragédie qui les frappe et qui nous frappe tous», souligne Bassirou Diomaye Faye, qui est passé sur les lieux du drame après une visite à Médina Baye.
Pour lui, ce drame, qui rappelle d’autres, est entretenu par des filières criminelles de migration. «Il y a le trafic d’êtres humains qui exploite le désespoir de cette jeunesse et qui leur vend le rêve d’un avenir meilleur. La traque sans répit contre ces vendeurs d’illusions, ces vendeurs de la mort, va s’intensifier dès à présent. Il y a quelque jours de cela, la semaine passée, s’est clôturée une opération appelée Jokko, qui était conjointement menée pendant plus d’un mois par la gendarmerie, la police, et même l’Armée qui est entrée dans la danse, et qui a valu la mise en échec d’un projet migratoire à hauteur de 690 jeunes qui ont été appréhendés au moment de leur départ», révèle le chef de l’Etat.
Il assure que le gouvernement est en train de combattre le phénomène. «Le gouvernement continuera à traquer ces vendeurs d’illusions, ces marchands de la mort, jusqu’à leurs derniers retranchements. Il faut d’un autre côté appeler à la responsabilité. Dire à ces jeunes que les pays dans lesquels ils veulent aller sont des pays qui ont été construits par des êtres humains, par des citoyens qui ont cru au changement dans leur propre pays et qui ont réussi à faire de leur pays ce qui les y attire au risque de leur mort. Il nous appartient ici, tous, hommes et femmes, jeunes et adultes, gouvernants et citoyens, de nous mettre autour d’un projet de construction de ce pays et de croire à l’espoir, de croire à la possibilité de changer, par nous-mêmes et pour nous-mêmes, le visage de notre pays», invite le président de la République.
Aujourd’hui, il faut rallumer l’espoir chez les jeunes. D’après le chef de l’Etat, le gouvernement travaille d’arrache-pied à mettre en œuvre des politiques publiques adéquates pour leur donner du travail chez eux. «Je voudrais aussi appeler les familles à mettre moins de pression à ces jeunes. La pression positive se comprend de la part des parents sur les moins jeunes et sur les jeunes. Mais la pression ne doit pas aller au-delà de la motivation à travailler, à se serrer la ceinture, à y croire et à avoir de l’endurance dans les difficultés, mais ici au Sénégal. Elle ne doit pas aboutir à faire prendre le risque suicidaire d’affronter les vagues. Il n’y a que la mort qui s’offre comme alternative quand on entreprend un voyage aussi périlleux», avertit BDF. Il ajoute : «Le gouvernement continuera à mettre tout en œuvre pour dérouler les politiques qui permettent aux jeunes de travailler. Encore faudrait-il que l’ensemble de ces jeunes comprennent qu’il n’y a pas de sot métier. Les métiers que beaucoup d’entre eux exercent ici, sont les mêmes qu’ils cherchent à exercer ailleurs ou même des métiers moins valorisants. S’il ne s’agissait que de jeunes qui n’ont pas de travail, on pourrait dire que c’est le chômage, on comprend leur désarroi, mais y en a qui ont du travail et qui veulent malgré tout arrêter de travailler et qui prennent les pirogues. Cela ne peut être une option.»
Par ailleurs, le Président Faye appelle à la solidarité des populations. «Le gouvernement mettra un numéro vert. Il ne peut pas y avoir de départ dans les conditions où les gens empruntent la mer sans qu’il y en ait qui en sachent quelque chose. Mais ils ne doivent pas se taire parce que quand ils se taisent, ce sont des centaines de jeunes qui perdent la vie. Et ceux qui doivent reconstruire le pays, constituent l’espoir. Les Forces de l’ordre font un travail remarquable. Il faut dénoncer les convoyeurs. A défaut, il sera extrêmement difficile de combattre ce phénomène. Il faut que les jeunes et la population comprennent que la situation ne peut être réglée du jour au lendemain. Il faut du temps pour que les solutions qui sont mises en place opèrent et que les conséquences positives se fassent ressentir. Entretemps, il nous faut prendre notre destin en main en tant que Sénégalais ici au Sénégal et ne pas fuir les difficultés qui s’imposent au Peuple sénégalais», termine Bassirou Faye.
En attendant, la mer continue de rejeter des corps. Après les 27 repêchés mardi, 7 autres ont été découverts à Joal, 1 à Saly 1 et 2 à la Somone. Quel triste bilan !