L’Ong Enda jeunesse action a aidé à la mise en place, dans les villages, de part et d’autre de la frontière entre le Sénégal et la Guinée, du côté de l’arrondissement de Pakour, département de Vélingara, de Comités transfrontaliers de protection de l’enfant (Ctpe) qui se chargent de lutter contre la migration précoce des enfants. Ces comités, en collaboration avec les autorités policières, administratives et locales des 2 pays, se sont réunis ce jeudi pour mettre en place un plan d’action commun pour lutter efficacement contre ce mouvement des enfants.Par Abdoulaye KAMARA (Correspondant) –

Le chef de Canton de la région de Ngabou Amadou, Korka Sow, l’autorité administrative de Pirada, Madiw Mballo, les responsables de la police de ces localités de la Guinée-Bissau et leurs collègues de l’arrondissement de Pakour, dans le département de Vélingara, sud du Sénégal, ainsi que les membres du Comité transfrontalier de protection de l’enfant (Ctpe) se sont rencontrés hier dans le village de Wassadou, en vue de finaliser un plan d’action devant permettre de lutter plus efficacement contre la migration précoce des enfants. Car, «un important mouvement d’enfants est remarqué entre ces 2 pays. Ce sont souvent des jeunes talibés avec leur maître,» a noté le sous-préfet de l’arrondissement de Pakour, Moussa Thiam. Une réalité confirmée par l’autorité administrative de Pirada, Madiw Mballo, qui précise : «Pour la plupart du temps, ce sont des enfants guinéens qui sont déplacés au Sénégal par leur maître coranique. Je n’ai pas encore entendu parler d’enfants sénégalais qui entrent en Guinée-Bissau pour y poursuivre des études de quelque ordre que ce soit.» Il poursuit : «Nous Guinéens avons tout à gagner dans cette collaboration avec le Sénégal. Nous remercions Enda de nous avoir réunis et d’avoir organisé ce combat contre le trafic des enfants.» Et puis la coordonnatrice de Enda Jeunesse action Vélingara, Aïssatou Diouldé Camara, de lister les dangers de toutes sortes qui guettent ces enfants arrachés à l’affection de leurs parents, surtout les mois passés, coïncidant avec la période d’application rigoureuse des mesures restrictives contre le coronavirus. Elle note : «Les enfants passent clandestinement à travers des points de contournement où ils sont victimes de rapts, violences de toutes sortes, déscolarisation, comportements dé­viants et sont obligés de travailler dur pour survivre.» Aussi, pour une lutte efficace contre ce trafic précoce des enfants, la rencontre de Wassadou a concocté un plan d’action, accouché par les différents individus et personnalités rassemblés dans ce village, situé à 7 km du pays de Oumarou Sissoko Mballo, afin de garantir la sécurité et la protection des enfants mineurs, le long de la frontière. On peut lire, dans le plan d’action : «La mise en place de Cap, c’est-à-dire des coalitions des acteurs pour la protection des enfants dans les villages frontaliers, des comités de veille et d’alerte dans les villages de contournement, l’identification de familles d’accueil dans les villages, familles qui vont s’occuper des enfants, le temps de leur orientation vers des structures dédiées, l’installation de clubs d’enfants pour leur implication, en amont, dans les actions qui leur sont destinées, la réalisation d’activités de prévention et sensibilisation et l’appui à la scolarisation des enfants pour amener les parents à intégrer, comme norme sociale, l’éducation des enfants dans les écoles formelles ou dans les daaras.»
Tous les villages, de part et d’autre de la frontière, sont concernés par ces points du plan et «les autorités locales soutiendront toutes les actions retenues, pour une meilleure prise en charge des besoins des enfants et adolescents dans le cadre strict des lois et règlements des pays, et vont aider à la formalisation des comités conformément à la règlementation en vigueur dans l’espace Cedeao», assure le sous-préfet de Pakour, Moussa Thiam.
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