Bamba Cissé a entrepris un vaste nettoyage urbain, débuté déjà samedi au niveau du parc à Mazout de Colobane. Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a demandé aux gouverneurs de recenser les différents sites anarchiques pour y mettre de l’ordre. Par Justin GOMIS – 

Dès les premières semaines du nouveau régime, des opérations de désengorgement ont été lancées. Mais, l’Etat a dû rétropédaler à cause de la grogne populaire, notamment des marchands ambulants. Il a fallu une descente du Premier ministre à Colobane pour tenter de calmer les esprits des tabliers et autres rabatteurs. La machine vient d’être relancée par le gouvernement.

Installé à la tête du ministère de l’Intérieur, Me Bamba Cissé a décidé de mettre ce chantier au début de son agenda pour s’attaquer au problème des occupations anarchiques de la voie publique, qui contribuent largement aux embouteillages. Bien sûr, le problème du désengorgement ne se limite pas aux infrastructures. Il englobe également des défis de gestion urbaine et de discipline. Les «occupations anarchiques» de la voie publique, notamment par les commerçants et les transporteurs informels, sont un facteur aggravant de la congestion. Des opérations de recensement, comme celle récemment demandée aux gouverneurs de région, visent à recenser ces occupations afin d’y mettre un terme et de libérer la voie publique.

Aujourd’hui, le ministre a demandé aux gouverneurs de région de dresser un recensement exhaustif de toutes ces occupations avant le 25 septembre. Cette initiative est la première étape d’une offensive plus large pour remettre de l’ordre dans les villes sénégalaises et libérer les espaces publics. C’est une mesure qui complète les grands projets d’infrastructures comme le Ter et le Brt, car elle s’attaque directement au problème de la discipline et de la gestion urbaine. Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, Mouha­madou Bamba Cissé, a adressé une lettre circulaire aux gouverneurs de région, les invitant à un «recensement des occupations anarchiques sur la voie publique». Il écrit : «Je vous demande, en rapport avec les collectivités territoriales et les services concernés, de procéder au recensement exhaustif des occupations anarchiques constatées sur la voie publique et aux alentours des lieux de commerce, conformément au canevas joint en annexe, au plus tard le jeudi 25 septembre 2025.» Me Bamba Cissé, qui a constaté «une prolifération des occupations anarchiques de la voie publique et des alentours des lieux de commerce (…) au niveau de la capitale et dans certains centres urbains», estime que des «mesures hardies doivent être prises et appliquées avec rigueur». Pour lui, «ces installations précaires, commerces de toutes sortes, stationnements irréguliers, etc., vont à l’encontre de la préservation de l’ordre public et du renforcement la sécurité routière».

En rapport avec les Forces de défense et de sécurité et les acteurs concernés, Mouha­madou Bamba Cissé invite, en outre, les services concernés à travailler sur des plans d’actions régionaux des opérations à mener avec un calendrier détaillé, afin de mettre un terme à ces installations et assainir les villes de notre pays, souligne le communiqué. Et le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique n’a pas attendu la fin du recensement pour procéder à ces opérations de déguerpissement. Il était à Colobane samedi, coin considéré comme le symbole de l’anarchie urbaine. Appuyé par la police, la gendarmerie et plusieurs services de l’Etat, le ministre de l’Intérieur a supervisé cette opération. Pour lui, «ce qui est anormal ne doit jamais devenir normal». Il explique et assume tout : «C’est une nouvelle dynamique enclenchée pour revenir aux fondamentaux de la Répu­blique, comme je l’avais annoncé lors de la passation de services.» Il assure que c’est une décision politique validée au sommet de l’Etat : «Il s’agit d’une politique globale initiée sous la direction du Président de la République et du Pm, tendant à revenir aux fondamentaux de la République, à l’ordre, à la sécurité, à la salubrité et la tranquillité publique, missions régaliennes que l’on exerce.» Il précise en outre : «Cette opération ne vise la stigmatisation de personne, mais c’est une politique globale contre l’occupation anarchique de l’espace public constatée depuis un temps assez long, que l’on a laissé perdurer jusqu’à ce que l’on pense que c’est une situation normale. Il est important de revenir aux règles de civisme, de l’ordre.» C’est une opération d’envergure qui va viser des «Sénégalais, étrangers, commerçants illégaux, mendiants occupant l’espace public». Il rappelle que la mendicité pratiquée sur la voie publique est une infraction «pénale, trop longtemps tolérée au détriment de l’ordre public». D’après Me Bamba Cissé, il s’agit de bâtir d’un «nouveau type de Sénégalais, soucieux du bien commun et respectueux des règles».
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