Contribution aux transformations sociales et à la parité : Les femmes prennent leur bâton de pèlerin

En vue de protéger les droits des femmes, la Croix-Rouge sénégalaise et espagnole et les femmes juristes du Sénégal ont initié un forum pour contribuer à la vulgarisation et à la protection de leurs droits avec les imams et les «badiénou gokh». Ainsi, elles ont d’abord ciblé les régions de Dakar, Thiès et Diourbel en attendant de porter ce plaidoyer sur tout l’ensemble du territoire national.
«La réalisation des actes d’état civil et le droit à la situation politique des femmes» : Ce sont les préoccupations majeures de la Croix-Rouge sénégalaise et espagnole et l’Association des femmes juristes du Sénégal (Ajs). A travers leur contribution à la vulgarisation des droits des femmes dans les régions de Dakar, Thiès et Diourbel, elles ont initié un forum afin de sensibiliser les femmes sur les thématiques du droit politique des femmes et la participation à la gouvernance locale, enjeu des élections locales de 2019 et l’état civil. Selon Astou Diouf, coordonnatrice de ce projet qui a ciblé comme régions témoins Dakar, Thiès et Diourbel, «ce forum est une stratégie pour nous de nous rapprocher des communautés afin de faire une diffusion intense du droit. C’est un cadre de dialogue interactif avec les populations ciblées. C’est une tribune qui nous permet de donner des informations essentielles et des outils juridiques aux populations par rapport à des thématiques clés», explique-t-elle.
La coordonnatrice du projet est d’avis que pour ces thèmes qui s’imbriquent, «la réalisation des actes d’état civil est consubstantielle à la réalisation du droit, notamment le droit à la situation politique des femmes». A l’en croire, «il y a des conditions qui ont fait que certaines personnes étaient privées de leur droit citoyen qui consiste à voter à cause d’un défaut de carte d’électeur».
Etat civil, une problématique à Grand-Yoff
Dans la même veine, le directeur de Cabinet du maire de Grand-Yoff a confirmé l’existence du problème de l’état civil dans la commune. Selon Bassirou Samb, la mairie ne cesse de recevoir des sollicitations en ce sens. «Beaucoup d’enfants ne font pas leur examen à cause d’un défaut d’extrait de naissance», dit-il. Il invite les Sénégalais à ne pas verser dans la facilité après avoir accusé un retard pour inscrire à l’état civil leurs enfants. «Ils vont souvent voir des personnes à qui ils paient des sommes de 5 000 francs ou plus pour l’obtention d’un extrait de naissance», révèle-il. Néanmoins, il précise : «Sachez que ces extraits ne sont pas valables ! Si vous tardez à inscrire votre enfant, passez par la voie légale», conseille le directeur de Cabinet de Madiop Diop. «Ce sont les femmes qui sont souvent en proie à ces genres de pratiques nuisibles sur le plan socio-économique et sur le plan juridique. Elles déboursent de l’argent sans avoir des actes réguliers», ajoute Astou Diouf.
Dans leur mission de sensibilisation, les initiatrices du projet ont aussi appris que 79 % de violences conjugales se produisent dans la région de Diourbel. C’est pour éviter ce genre de situations dans le pays qu’elles ont initié ce projet de contribution à la vulgarisation des droits de la femme. Mais au regard du projet, c’est toute la population qui en bénéficie. «Le schéma que nous développons concerne aussi bien les hommes que les femmes. Ce sont les femmes qui éprouvent beaucoup plus de difficultés ou de prises en compte lorsqu’il s’agit de ces pièces d’état civil. C’est ce qui sous-tend l’intitulé du projet», s’est en outre justifiée Mme Diouf.
Il faut savoir que pour éviter la vulnérabilité des populations, la Croix-Rouge et ses collaborateurs comptent vulgariser ce projet sur tout le territoire national. Les initiatrices pensent que même si les femmes participent à la gouvernance locale, elles sont faiblement représentées. «Et pour aller vers une société stable, il faut aller vers une gouvernance inclusive», estime Astou Diouf.
justin@lequotidien.sn