La contribution des entreprises évoluant dans le secteur extractif de la région de Thiès à l’Economie nationale en 2017 s’élève à 50 milliards de francs Cfa. Une tendance haussière dans le budget de l’Etat, analyse Abdou Aziz Diop, point focal de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) à Thiès. Ce d’autant, estime-t-il, «en 2014 la contribution des entreprises minières de la région était de 19 milliards de francs Cfa».
Cependant le coordonnateur de la Coalition Publiez ce que vous payez entente Sénégal (Pcqvp), constate que «malgré les différentes avancées notées pour une meilleure gouvernance des ressources minérales au Sénégal à travers l’Itie, le Code minier, et les autres réformes déjà réalisées ou en cours, le maillon faible reste la redistribution des revenus surtout au niveau communautaire». Abdou Aziz Diop plaide ainsi pour l’effectivité des fonds de péréquation et d’appui aux collectivités territoriales qui d’ailleurs, renseigne-t-il, avaient fait l’objet d’un décret, pris par le président de la République. Mieux, ajoute-t-il, «un arrêté interministériel a été pris le 20 décembre 2017 fixant la clé de répartition. Et le cumul de cet arrêté s’élève à 7,6 milliards à répartir à l’ensemble des 599 collectivités territoriales au Sénégal». Aussi, poursuit-il, «le président de la République dans la préface du rapport Itie 2014 avait recommandé que ces fonds, pour des problèmes d’équité et de justice sociale, puissent être redistribués, mais jusqu’à présent ces fonds ne sont pas effectifs. Ils ne sont pas inscrits dans le budget ni de 2018 ni de 2019».
Le point focal Itie Thiès n’a pas manqué également, de demander à l’Etat de diligenter le fonds d’appui au développement local. Lequel fonds, explique-t-il, reverse aux collectivités qui abritent le ou les sites miniers, 0,5% de son chiffre d’affaires annuel.

L’effectivité des Fonds d’appui aux collectivités en question
En réponse, le président du comité Itie Sénégal, Mankeur Ndiaye, pense que le versement des redevances au niveau des collectivités territoriales est une question importante. «Nous soulignons cette question depuis quelques années. Mais, un pas important a été fait avec la signature de l’arrêté interministériel pour payer les arriérés de 2009 jusqu’en 2015. Mais, il y a les arriérés qui restent. Même l’arrêté qui a été pris au mois de décembre dernier n’est pas encore mis en œuvre. Cela veut dire que les collectivités territoriales n’ont pas encore reçu leur dû à partir des versements qui sont faits par les entreprises minières. Ce sont des questions importantes que nous allons à nouveau, porter à l’attention du gouvernement, des ministères techniquement compétents notamment, ceux de l’Economie, des finances et du plan, des Mines et des Collectivités territoriales», promet M. Ndiaye, qui n’a pas manqué de préciser que le rôle de l’Itie est «de souligner le potentiel, d’informer largement les populations sur les domaines de production, les valeurs et les paiements qui sont faits, et il appartient au gouvernement de tirer profit des rapports et des recommandations que nous publions. Le rôle du gouvernement n’est pas celui de l’Itie. L’Itie n’est pas une inspection, encore moins un organe de surveillance ou de contrôle. Nous faisons un rapport, nous donnons également l’information aux populations et au gouvernement, parce que le rapport que nous produisons est un rapport indépendant et il appartient au gouvernement de mettre en œuvre les recommandations», laissera entendre Mankeur Ndiaye.
En outre, il est revenu sur le potentiel minier extrêmement important de la région de Thiès. Et d’insister sur le potentiel gazier de la région, notamment aux découvertes extrêmement importantes faites par Kosmos aux larges de Cayar, estimées à 1400 milliards de m3 de gaz.
De son côté, le premier vice-président du Conseil départemental de Thiès a demandé à la task-force de l’Itie de ne plus se limiter à faire «des grandes annonces», mais de suivre ses rapports jusqu’à leur effectivité chez les populations. Car constate Yankhoba Diattara, «depuis 2009, l’Etat du Sénégal encaisse les impôts de l’exploitation minière mais malheureusement jusqu’à présent, il n’a pas encore pris les dispositions nécessaires pour redistribuer ce qui revient aux collectivités locales».
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