L’Ucad a accueilli dans le cadre d’une convention avec l’Université de Guyane, 38 étudiants ainsi que quelques-uns de leurs professeurs et membres du personnel administratif. Les autorités universitaires qui les ont accueillis ont exprimé leur ambition de renforcer la coopération Sud-Sud et les Guyanais ont exprimé leur satisfaction de retrouver leurs racines.

Il est clair dans ses relations inter-universitaires, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) cherche maintenant à inverser la tendance sud-nord pour privilégier la coopération sud-sud. Conseiller spécial auprès du recteur de l’Université Cheikh Anta Diop, Falilou Ndiaye, l’a fait savoir en accueillant 38 étudiants guyanais en visite au Sénégal dans le cadre d’une convention signée entre les 2 universités il y a peu près 1 an (10 mai 2017). «Nous cherchons à inverser la tendance dominante dans la relation sud-nord. Parce que le gain est évident dans la relation sud-sud», a-t-il dit. Directeur de la coopération au sein de l’Ucad, Amadou Gallo Diop renseigne pour sa part que la volonté du recteur Ibrahima Thioub a toujours été «de rendre vivantes les conventions que nous signons avec les différentes universités». Satisfait qu’il est de voir en ces Guyanais des frères, sœurs, nièces, oncles… M. Diop de promettre : «Nous allons donner toute l’impulsion nécessaire pour que nos 2 universités, séparées simplement par la mer, soient des universités sœurs dans le sens le plus noble, le plus sincère et le plus efficace.»
Face à lui, la délégation guyanaise, constituée d’étudiants, de professeurs et de membres du personnel administratif de l’université, n’a pas caché son émotion de se retrouver chez leurs aïeuls. 400 ans que leurs ancêtres ont été déportés des côtes africaines pour servir d’esclaves ou de main d’œuvre dans les plantations américaines (Guyane, Antilles,…), il était donc temps pour les Guyanais de venir se ressourcer et de renouer avec leurs ancêtres. Et en ces circonstances, Pierre Sarr, le doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines, a cru bon de rappeler les liens historiques qu’il y a entre les 2 peuples. «L’histoire de nos peuples a été traversée par la traite négrière. Vous et nous avons connu les affres de l’esclavage. Aujourd’hui encore la tradition orale de chez vous conte les histoires de cette époque. Votre séjour parmi nous peut être considéré comme un retour aux sources. Et la visite que vous ferez à Gorée dans la Maison des esclaves vous replongera dans vos racines africaines», a-t-il souligné, souhaitant la bienvenue à ses invités. Au-delà des liens historiques, ceux linguistiques et littéraires ont également été mentionnés par M. Sarr. «Qui ne connait pas René Maran né certes en Martinique mais de parents Guyanais que Senghor considérait comme le précurseur de la Négritude ? Qui ne s’est pas délecté de la poésie de Léon-Gontran Damas, pilier de la Négritude aux côtés de Césaire et de Senghor ?», a-t-il questionné l’assistance, convaincu tout com­me le directeur de la coopération qui disait dans son allocution, «nous sommes vous, vous êtes nous» pour montrer les liens qui lient les deux peuples. Au Sénégal jusqu’au 6 avril, les Guyanais pourront après leur visite à l’Ucad, rencontrer l’écrivaine, Aminata Sow Fall, visiter le Cesti, l’Ifan, le musée Léopold Sédar Senghor, le village artisanal de Soumbédioune, entre autres.
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