Convocations d’avocats à la Dic, traitement de Me El Hadj Amadou Sall… : L’Ordre des avocats dénonce les dérives


Après l’arrestation controversée de Maïmouna Ndour Faye dans les locaux de sa chaîne de télévision 7Tv, Me El Hadji Amadou Sall avait laissé exploser sa colère après que, dit-il, des gendarmes lui ont demandé de faire un test d’alcoolémie. Dans un communiqué, l’Ordre des avocats a condamné cette action et a dénoncé d’autres «dérives et abus» comme la convocation d’avocats à la Dic. Par Justin GOMIS –
Lors de la nuit de l’arrestation de Mme Maïmouna Ndour Faye, on a vu Me El Hadji Amadou Sall passablement agacé par la tournure des évènements. Dans un communiqué publié hier, le Conseil de l’Ordre des avocats a volé à son secours, après avoir appris avec «stupéfaction» que, dans la nuit du 28 au 29 octobre, l’avocat au Barreau du Sénégal a été empêché d’exercer son office par des éléments de la Brigade de gendarmerie de Ouakam, où il s’était présenté pour assister sa cliente Maïmouna Ndour Faye. «Ces éléments des Forces de défense et de sécurité lui ont exigé de subir un test d’alcoolémie pour pouvoir s’entretenir avec sa cliente et exercer sa mission», constate le Conseil de l’ordre des avocats du Sénégal. Il dénonce et condamne «avec la plus grande fermeté cette atteinte grave et intolérable à la dignité de l’avocat, aux droits de la défense et, plus généralement, à la loi et à l’Etat de Droit».
Dans son communiqué, le Barreau cite la Constitution du Sénégal qui consacre, en son article 9, que la défense est un droit absolu dans tous les Etats et à tous les degrés de la procédure. Sans oublier l’article 5 du Règlement nº5 de l’Uemoa sur l’harmonisation des règles de la profession d’avocat dans l’espace communautaire, les avocats assistent leurs clients dès leur interpellation, durant l’enquête préliminaire, dans les locaux de la police, de la gendarmerie ou devant le Parquet. «Qu’à ce stade, aucune lettre de constitution ne peut être exigée de l’avocat», rappelle l’Ordre des avocats.
Ce n’est pas le seul sujet qui a fâché le Conseil de l’ordre. Il a constaté que le traitement «inadmissible et dégradant dont Me El Hadji Amadou Sall a fait l’objet», s’ajoute «à une transgression tout aussi flagrante de la loi, commise une fois encore par des officiers et agents de police judiciaire (les Forces de défense et de sécurité), à savoir la convocation récente d’avocats par la Division des investigations criminelles, en parfaite violation de l’article 6 du règlement précité». Aujourd’hui, l’Ordre évoque des «dérives graves et inquiétantes», et demande le «respect scrupuleux par les pouvoirs publics des droits de la défense, ainsi que la cessation immédiate et définitive de toute entrave à l’exercice de la profession d’avocat au Sénégal et aux droits et libertés accordés par la loi». Il reste également «attentif au respect des principes et règles de l’Etat de Droit», ajoute le Conseil de l’ordre.
justin@lequotidien.sn

