Coopération entre le Sénégal et le monde arabo-islamique : L’Unccias pour un partenariat économique fécond

L’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture du Sénégal (Unccias) œuvre pour le renforcement de la coopération entre le Sénégal et les pays arabo-islamiques. Dans ce sens, l’organisation, qui regroupe les chambres consulaires du Sénégal, a organisé, la semaine dernière, une rencontre avec les diplomates de ces pays accrédités au Sénégal. L’objectif de cette rencontre avec l’ensemble des ambassadeurs est de nouer des relations économiques avec les pays arabo-islamiques pour développer le partenariat et l’investissement, selon le président de l’Unccias. Serigne Mboup de préciser que ce partenariat sera orienté vers les secteurs prioritaires comme l’agriculture pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire.
De l’avis de Mactar Lakh, Secrétaire général du ministère de l’Industrie et du commerce, qui a présidé cette rencontre avec les diplomates du monde arabo-islamique, cette initiative devait être réalisée depuis fort longtemps. Car, selon lui, le commerce avec le monde arabe n’est pas bien développé, aussi bien en Afrique qu’au Sénégal. «Au plan africain, il est regrettable de constater que le potentiel commercial des deux régions, qui est estimé à environ 3400 milliards de dollars, n’est réalisé qu’à un niveau de 200 milliards de dollars. Dans ce prisme, les échanges commerciaux du Sénégal avec le monde arabo-islamique sont l’exemple type de la timidité de nos relations commerciales. Sur les 30 premiers fournisseurs du Sénégal, on ne trouve que 3 pays arabes sur la liste, notamment l’Arabie Saoudite qui est à la 6e place des fournisseurs du Sénégal, le Maroc à la 14e et l’Egypte à la 25e place. Les échanges concernent l’agro-business, les produits horticoles (fruits et légumes), les produits halieutiques, l’artisanat, le digital, les solutions software, l’inclusion financière, l’énergie hydroélectrique, l’énergie renouvelable, le tourisme, etc.», a renseigné M. Lakh. D’après toujours le représentant du ministre de l’Industrie et du commerce, «la concentration des produits arabes fait que beaucoup de potentialités qui sont à notre portée ne sont pas jusqu’ici réalisées». C’est pourquoi, dit-il, «il nous faut, pour réussir le pari de la transition et de la diversification, aller vers un modèle d’échanges de produits à haute valeur ajoutée». Le Secrétaire général du ministère de l’Industrie et du commerce préconise ainsi des solutions pour réussir ce partenariat avec le monde arabo-islamique. Dans un premier temps, il suggère d’utiliser l’argument des accords commerciaux. «Il n’existe toujours pas de libres échanges formels qui lient les pays africains et les pays arabo- islamiques.
L’inexistence de traités de ce type désavantage certains de nos secteurs qui présentent de réelles potentialités à l’export telles que les produits horticoles, les produits plastiques, les produits chimiques», explique Lakh. Qui donne comme deuxième recommandation, d’«investir dans des facilitations d’échanges en encourageant la révision de certaines législations restrictives et de certaines procédures administratives non nécessaires, l’harmonisation des normes, des règles d’origine et des règles en matière d’étiquetage».
Et troisièmement, il préconise de «faire du ciblage dans les secteurs à haut potentiel, comme le secteur horticole dont le potentiel non exploité pour les pays africains est estimé à près de 2 milliards de dollars».
Un avis partagé par Serigne Mboup qui juge nécessaire d’avoir des chambres de commerce pour consolider les actions des opérateurs économiques sur les différents secteurs et en même temps représenter le Sénégal dans les chambres de commerce à l’extérieur.
Pour sa part, l’ambassadeur de la Mauritanie au Sénégal a aussi magnifié l’idée. Selon lui, ce partenariat peut les guider vers quelque chose de plus solide et de plus bénéfique. Il estime que «les relations politiques sont une chose, mais les relations économiques sont plus importantes. C’est une opportunité pour nous tous d’œuvrer dans cette direction». Des panels ont été ainsi organisés pour mieux peaufiner cette initiative, qui vise à explorer des opportunités, consolider des partenariats et promouvoir la coopération économique et culturelle sénégalo-arabo-islamique.
justin@lequotidien.sn