Dans la lutte contre le terrorisme, le Sénégal et la Gambie ont décidé hier de mutualiser leurs efforts. Les échanges de renseignements et la coopération judiciaire seront mis à contribution pour construire un pont entre les deux pays dans le domaine de la sécurité.

Entre dimanche et mardi, les terroristes ont rappelé leur omniprésence dans la sous-région ouest-africaine. Après les attentats aussi spectaculaires qu’atroces perpétrés au Burkina Faso (18 morts et 22 blessés dimanche) et au Nigeria (28 morts, hier), les pays africains sont sommés de réagir. A l’image du G5 Sahel qui promet de durcir la riposte, le Sénégal et la Gambie amorcent leur plan de lutte antiterroriste. Une rencontre d’échanges et travail a réuni hier les ministres de l’Intérieur des deux Etats voisins. L’objectif est, entre autres, de mutualiser les efforts en vue de contrecarrer les plans des djihadistes. «La menace grandissante du terrorisme dans notre sous-région avec les attentats de Ouaga, constitue une nécessité supplémentaire et impérieuse de renforcer sans délai notre dispositif de prévention mise en place», a déclaré Abdoulaye Daouda Diallo, ministre sénégalais de l’Intérieur et de la sécurité publique.
L’idée pour les deux pays est de bâtir et impulser une coopération sécuritaire gagnant-ga­gnant, «gage d’un véritable levier pour un développement harmonieux et solidaire». Pour cela, rappelle Abdoulaye Daouda Diallo, «l’urgence qui s’impose est de mettre davantage de synergie dans l’échange et le partage d’informations d’initiatives et de moyens appropriés pour freiner efficacement et définitivement ce fléau ravageur et dévastateur de tout effort de construction de développement dans nos nations». La Gambie ne compte pas être en reste. «On doit discuter plus souvent. L’attaque de Ouaga a montré à quel point le Sénégal et la Gambie doivent collaborer. On va davantage échanger des renseignements entre les deux Etats. Nous allons barrer la route aux forces du mal», promet Me Mai Ahmad Fatty, ministre gambien de l’Intérieur.
Par ailleurs, Abdoulaye Daouda Diallo a appelé la Gambie à la coopération judiciaire. Le ministre semble rappeler l’épisode Baye Modou Fall alias Boy Djinné qui s’était évadé de prison au Sénégal pour se réfugier en Gambie sous le magistère de Yahya Jammeh. «La Gambie et le Sénégal constituent un seul Peuple. On ne peut commettre des délits au Sénégal et aller se réfugier en Gambie pour bénéficier de sa protection. Si les patrouilles se font dans l’unité des forces de défense et de sécurité des deux pays, les choses vont changer», soutient-il. A ce titre, M. Fatty promet des «opérations conjointes, sur tous les plans, liées à la sécurité». A noter que la rencontre a enregistré la présence du Directeur général de la Police nationale, Oumar Mal, du directeur de l’Agence de sécurité de proximité, Me Papa Khaly Niang, entre autres. Au-delà du ministre de l’Intérieur, la délégation gambienne était composée du Secrétaire général du ministère de l’Intérieur, du chef de la police, du Secrétaire général du ministre de la Justice, du Directeur général des prisons gambiennes, du chef de l’Agence contre la drogue…
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