Porté et imaginé par la structure Afrik’consult, le projet «Marseille en Afrique», qui a tenu une résidence à Dakar jusqu’au 22 mars, vise à faciliter les interconnexions entre les jeunesses africaine et française. Après une première rencontre en novembre 2021 à Marseille, le projet de résidence musicale a été présenté à la presse, avant le concert d’hier prévu au Centre culturel Blaise Senghor avec les groupes Afro rumba club, Wop d’Afrique et d’autres artistes invités.Par Ousmane SOW

– Ville portuaire du Sud de la France, Marseille est une porte d’entrée naturelle autant pour les musiciens africains en France et en Europe que pour les Européens en direction de l’Afrique. C’est en tout cas l’histoire du premier club de jazz de la ville Marseillaise ouvert par des Sénégalais, a constaté le directeur de Afro rumba club et de la compagnie Indalo de Marseille. Selon Gil Miguel Aniorte Paz, cette résidence à Dakar est une suite logique. «Marseille en Afrique s’est créée parce que notre ville a un rapport avec l’Afrique qu’aucune ville de France n’a. Deux tiers de la population marseillaise est d’origine africaine», a déclaré M. Paz. C’est précisément ce qui concourt à la création du projet «Marseille en Afrique», qui est une invitation à l’ouverture au monde, un voyage musical, fait de rencontres et de créations artistiques, mais aussi une conscience sur les brassages et métissages entre la ville de Marseille et l’Afrique. En musique, il faut aussi des échanges internationaux. «Le travail artistique amène aussi l’économie et c’est important que les artistes européennes puissent venir en Afrique et les artistes africains aussi en Europe, pour partager leur savoir», a-t-il ajouté.
Cette résidence de Dakar entre dans le cadre du spectacle le Grand Bal Afro rumba club, qui sera présenté dans le cadre du Festival Marseille jazz des cinq continents en juillet 2022 à Marseille, ainsi que les enregistrements de l’Ep et de l’album «Marsellando». Sur l’initiative de la structure Afrik’consult, label de production et de diffusion des cultures d’Afrique et de ses diasporas, et avec Indalo de Marseille, le groupe Afro rumba club (France, Cuba, Espagne, Burkina Faso) a offert une prestation dans le nouveau studio de la Maison de la culture Douta Seck. Ils ont interprété, à leur façon, une musique aux influences latines, en y rajoutant les ingrédients de la musique sénégalaise grâce à l’Orchestre national. Et cette configuration répond également à l’autre but du projet «Marseille en Afrique», qui consiste à créer des rencontres sur le plan artistique mais aussi de stimuler un entreprenariat pour apporter quelque chose sur le plan économique, avec toujours une possibilité de pouvoir créer des échanges entre les deux continents, les deux pays ainsi que les artistes et tout ce qui correspond à une forme de plus-value aux niveaux culturel et artistique, soutien Lat Souck Faye, directeur d’Afrik’consult culture. D’après lui, sur ce côté, il y a une pénétration institutionnelle avec l’Orchestre national du Sénégal qui a facilité cette connexion.
Après plusieurs actions développées un peu partout en Afrique avec la coopération Nord-Sud, «nous avons imaginé et porté le projet avec les institutions, comme la ville de Marseille, le ministère de la Culture et la ville de Dakar, mais aussi d’autres pays comme la Cote d’Ivoire, qui est positionnée pour accompagner ce projet», a-t-il souligné. Pour rappel, ce projet, qui a démarré en mars 2020 avec une partie de l’orchestre de Indalo Abidjan et en novembre 2021 à Marseille sous la supervision de Christophe Dal’Sasso, continue sa résidence à Dakar. Pour le programme festif, un concert a été animé au Théâtre national Daniel Sorano par l’Atelier musical traditionnel de Sorano, le groupe Afro rumba club et le Wop d’Afrique (Côte d’Ivoire, Bénin, Tchad, Sénégal, Congo). Et le lendemain, ce sera au tour du Centre culturel Blaise Senghor d’accueillir les groupes Afro rumba club, Wop d’Afrique et les autres artistes invités. Pour le Directeur général de l’orchestre national du Sénégal, Adama Diallo, c’est une heureuse initiative d’offrir aux musiciens cet espace enrichissant de partages avec des gens venant de l’autre côté du monde, pour des échanges de pratiques musicales à partir de «notre» patrimoine (l’orchestre national).