Vêtu de son costume de président de l’Ua, Macky Sall qui a participé à Bruxelles, au Sommet Ue-Ua, a proposé un nouveau logiciel de coopération pour revoir le partenariat entre les deux institutions continentales. Il a soumis «huit propositions» au sommet.Par Dieynaba KANE

– Macky Sall a présenté au 6ème Sommet Union européenne-Union africaine à Bruxelles hier, le logiciel qui doit guider le partenariat entre les deux continents. Le président de l’Ua déclare qu’avec  «l’Europe, l’Afrique souhaite convenir d’un partenariat repensé, rénové et refondé». Et M. Sall de soutenir : «Plus qu’une mise à jour du logiciel régissant le réseau relationnel euro-africain, nous proposons d’installer, ensemble, un nouveau logiciel, adapté aux mutations en cours et apte à soutenir la dynamique novatrice que nous voulons imprimer à nos relations.» Dans la dynamique d’un nouveau partenariat Europe-Afri­que, le président de l’Union africaine a soumis lors de ce sommet, «huit propositions». Dans ce cadre, il propose de travailler «ensemble au renforcement de notre collaboration en matière de paix, de sécurité et de lutte contre le terrorisme, à travers la Facilité européenne pour la paix (Fep)». Poursuivant ses propos, M. Sall soutient que «sur la base de l’expérience acquise en Afrique de l’Est, australe et centrale, la Fep pourrait également soutenir les efforts des pays sahéliens et membres du processus d’Accra, face aux attaques des groupes terroristes».
La deuxième proposition évoquée par le chef de l’Etat, c’est «l’appui de l’Europe pour accélérer le processus de réallocation des Dts». Comme il a eu déjà à le faire dans d’autres tribunes, M. Sall a appelé «à la réallocation de 100 milliards de dollars de Dts de pays riches qui y consentent, en faveur des pays africains, selon des modalités à convenir». D’après M. Sall, «c’est ce qui nous rapprochera de l’objectif de 252 milliards de dollars dont l’Afrique a besoin d’ici à 2025 selon le Fmi, pour contenir le choc de Covid-19 et amorcer sa relance économique».
Macky Sall plaide aussi «pour l’assouplissement des règles de l’Ocde afin de mieux faciliter l’accès de nos pays au crédit export, à des conditions de maturité plus longues et des taux d’intérêts plus soutenables, pour renforcer l’investissement et les échanges commerciaux entre nos deux continents». A ce propos, il explique : «L’Afrique, c’est 30 millions de km2, un milliard trois cents millions d’habitants ; et des besoins de financement de 130 à 170 milliards de dollars par an, selon les estimations de la Bad, rien que pour les infrastructures. Nous sommes disposés à travailler avec nos partenaires européens à la mise en œuvre de l’initiative Global gateway dans le cadre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (Pida), en cours d’exécution.» Le président en exercice de l’Ua est convaincu que «la transformation structurelle du continent passe par la réalisation des infrastructures routières, autoroutières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires ; mais aussi des centrales électriques, de l’agro business, des plateformes industrielles et numériques.»
Dans le même esprit, il a aussi proposé d’explorer «les possibilités de collaboration autour du projet européen de connectivité à haut débit par satellites en orbite basse». Car, estime-t-il, «le devenir de notre partenariat se joue aussi dans le champ fertile du numérique, où s’exprime le talent de notre jeunesse créative et entreprenante».
Dans son discours, Macky Sall a aussi fait part de son souhait d’œuvrer «ensemble, avec l’Europe, pour la révision des critères d’évaluation du risque d’investissement en Afrique». Selon lui, «pour l’Afrique, la perception du risque reste toujours plus élevée que le risque réel, ce qui renchérit les primes d’assurance, pénalise l’investissement et réduit la compétitivité de nos économies». Se basant sur des études récentes, il renseigne qu’au moins «20% des critères de notation de nos pays relèvent plutôt de facteurs subjectifs, certains d’ordre culturel ou linguistique, donc sans relation avec les indicateurs de risque ou de stabilité d’une économie».

«Simplification des formalités et procédures liées aux conditions de financement des projets…»
La cinquième proposition faite par M. Sall en sa qualité de président en exercice de l’Ua, c’est «la simplification des formalités et procédures liées aux conditions de financement des projets, dans le respect des règles de bonne gouvernance et de transparence.» La question de la santé, notamment l’accès aux vaccins contre le Covid-19, a été aussi évoquée par le chef de l’Etat. «Six, agissons de concert pour un meilleur accès aux vaccins et le renforcement des capacités pharmaceutiques africaines», a-t-il dit. Attaché aux questions climatiques, le Président Sall a appelé à la conjugaison des «efforts pour la protection du climat et la justice climatique». «L’Afrique soutient l’Accord de Paris sur le climat. Nombre de nos pays développent à ce titre des stratégies de mix énergétique et des initiatives de protection et de restauration de la biodiversité dans le cadre du projet continental de la Grande muraille verte», a-t-il fait savoir. Et M. Sall de plaider pour le maintien du financement de l’industrie gazière : «Pour un continent en retard sur le processus de développement et dont plus de 600 millions d’habitants vivent encore dans l’obscurité, la priorité, c’est aussi l’accès universel à l’électricité et l’industrialisation de nos pays. Voilà pourquoi nous sommes pour le maintien du financement de l’industrie gazière et pour une transition énergétique juste et équitable, tenant compte des besoins et contraintes spécifiques de nos pays.»
Le président de l’Ua a également profité de cette tribune pour demander «la restitution des œuvres africaines». Selon lui, cela «reste une priorité élevée pour nous, parce qu’elles font partie de notre identité civilisationnelle». Ainsi, soutient-il : «Si nous voulons bâtir une nouvelle éthique relationnelle Europe-Afrique, fondée sur le respect et la reconnaissance de la vérité historique, il nous faut conforter le travail déjà entamé dans le sens des recommandations du Rapport Savoy-Sarr.»
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