Par Pape Moussa DIALLO envoyé spécial à Genève (Suisse) – Le Sénégal a brillé par son absence à la coprésidence du 14e Forum mondial migration et développement (Gfmd). La Société civile n’a pas manqué de noter cette absence pour s’en offusquer lors du pré-forum qu’elle a tenu et qui précède l’ouverture officielle du forum demain à Genève.
L’absence du Sénégal à la coprésidence du Forum mondial migration et développement suscite des questions à Genève. La Société civile n’a pas manqué d’évoquer le cas du Sénégal lors de la rencontre préparatoire à la veille de l’ouverture officielle du forum demain. De l’avis de Paddy Siyanga Knudsen, l’une des vice-présidentes du Forum mondial de recherche pour la diaspora et le transnationalisme, par ailleurs membre co-organisateur qui s’occupe de l’engagement de la diaspora et de la Société civile en charge du forum et le pacte mondial sur la migration, la participation du Sénégal aurait pu être déterminante, d’abord dans le «choix des thématiques du forum». «Ç’aurait été bien si le Sénégal avait participé à la proposition et au choix des thématiques, et donné une perspective globale à chaque priorité», a-t-elle exprimé.
De l’avis de cette dernière, la question du changement climatique ne peut être abordée et comprise de la même manière des Etats du Sud que des Etats du Nord. La Société civile n’a pas manqué de faire face à des difficultés pour se rendre au forum avec l’obligation d’obtenir un visa pour voyager. A cet effet, la Société civile sénégalaise est convaincue que si le Sénégal était présent, elle aurait pu éviter toutes ces tracasseries et restrictions liées à l’obtention du visa. «Le Sénégal aurait pu changer beaucoup de choses. On n’aurait pas eu autant de difficultés à voyager et ça nous aurait évité d’avoir une faible participation de la Société civile à ce forum», renchérit Paddy Siyanga Knudsen. D’ailleurs, Mamadou Goïta informe que d’habitude, le forum note une large participation de la Société civile par opposition à cette année où le nombre a été réduit. «La Société civile est représentée par 120 personnes, et 2 membres seulement de la Société civile sont invités à prendre part aux différentes tables rondes de discussions au cours du forum», s’est désolé Monsieur Goïta.
Pour Fa Mbaye Ndoye, cheffe du département protection sociale et migration de l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal, la surprise a été grande de ne pas voir le Sénégal à la coprésidence avec de la France. D’emblée, elle déclare que «l’absence du Sénégal a été la fausse note de ce forum». La syndicaliste de poursuivre sa complainte : «Nous avions fondé beaucoup d’espoir par rapport à la coprésidence du Sénégal du Gfmd.» Ce, poursuit-elle, «d’autant plus que c’est un pays africain qui est interpellé en matière de migration au regard de sa situation avec la reprise des départs irréguliers vers l’Europe avec leurs lots de disparus et de morts». Cette dernière estime que c’était une occasion ratée pour le Sénégal de mettre au-devant de la scène, sa Société civile, et africaine en général, et de porter la voix de toute l’Afrique pour le respect de la dignité humaine. Pour rappel, lors du Forum d’Abuja (Nigeria) tenu en début d’année 2023, et qui a abouti à la déclaration dite d’Abuja, le gouvernement du Sénégal avait bien été représenté. Et, cette rencontre d’Abuja a été le cadre pour la Société civile africaine d’engager des réflexions en vue d’une contribution significative au 14e Forum mondial migration et développement. Pour l’instant, on ne connaît les raisons de l’absence du Sénégal à la coprésidence du forum.
En France, une politique migratoire sur fond de «préférence nationale»
Chloé Tangui, chargée de projet Migrant au secours catholique France, sur la situation dans son pays à la suite de la nouvelle loi controversée contre l’immigration, a déclaré qu’en France, chaque régime qui arrive «prend des lois pour régenter l’immigration». Ce, non sans noter l’absence d’études pour mesurer «l’impact ou les conséquences des mesures prises sur les populations». D’ailleurs, estime-t-elle, le projet de loi sur l’immigration dans son pays a été «durci avec comme toile de fond la préférence nationale». Elle dira : «Il a été voté en France, en décembre dernier, une nouvelle loi asile et immigration. C’est la 22e loi votée en 30 ans sur ce sujet. On assiste aujourd’hui à un durcissement du droit des personnes étrangères en France. Marine Le Pen a dit que c’était une victoire idéologique, tellement que la loi est terrible.» Sur le système social, Chloé renseigne qu’on est en train de «détruire tout le système social de la France qui était basé sur l’universalité d’accès aux droits. C’est pareil pour le droit inconditionnel à un hébergement». Où, dira notre interlocutrice, «la loi est en train de remettre en cause tous les principes qui fondaient cette loi». Pour ce qui est de la vie en famille, cette nouvelle politique constitue, selon Chloé Tangui, «une forte atteinte au droit de vivre en famille avec le regroupement familial qui a connu un durcissement énorme». Cette nouvelle loi «impopulaire» n’épargne pas les conjoints français qui ont également connu des durcissements tant sur les «conditions de ressources que sur le logement», informe notre interlocutrice. En outre, elle informe que la nouvelle loi n’épargne non plus le niveau de langue attendu pour l’intégration des jeunes majeurs qui étaient pris en charge par l’aide sociale, aide à l’enfance. «On est très déçus par cette loi. Ça a été un travail de longue haleine avec les députés, les sénateurs pour en aboutir à la politique la plus répressive qu’on n’ait jamais vue», conclut-elle.