Le patient qui est décédé s’était rendu à Wuhan, le berceau de l’épidémie, début janvier. L’Oms a rehaussé le niveau de la menace.

La nouvelle souche de coronavirus a fait une nouvelle victime en Chine. Lundi, ce sont les autorités de Pékin qui ont annoncé le décès d’une personne touchée par ce nouveau virus. Il s’agit du premier décès lié à l’épidémie enregistré dans la capitale chinoise. La victime est une personne âgée de 50 ans qui s’est rendue le 8 janvier dans la ville de Wuhan, d’où a débuté l’épidémie. Un décès qui survient sur fond d’angoisse croissante dans le monde, avec la multiplication des mesures de précaution aux frontières, tandis que l’Oms juge «élevée» la menace à l’international.
«Nous sommes en étroite communication avec la Chine concernant le virus», a ainsi tweeté le Président américain Donald Trump, avant d’ajouter lui avoir offert «toute aide qui pourrait être nécessaire».
La Mongolie est de son côté devenue le premier pays à fermer les points de passage routiers avec le territoire chinois. Dans le même temps, les personnes originaires de la province chinoise du Hubei, la plus touchée, ont été interdites de séjour en Malaisie, tandis que l’Allemagne et la Turquie ont à leur tour déconseillé les voyages en Chine et que la France et les Etats-Unis préparaient l’évacuation de leurs ressortissants. Le nombre des morts est dorénavant de 82 et celui des cas confirmés officiellement de plus de 2 700 en Chine, y compris celui d’un bébé de neuf mois. Une cinquantaine d’autres malades ont été répertoriés dans le reste du monde, où une douzaine d’Etats ont été atteints par le virus, de l’Asie et l’Australie à l’Europe et à l’Amérique du Nord.

Cinq millions de déplacements
La menace de propagation est d’autant plus grande que le maire de Wuhan, où le coronavirus est apparu en décembre, a déclaré dimanche que cinq millions de personnes avaient quitté cette métropole de 11 millions d’habitants avant le Nouvel an chinois, tombé cette année le 25 janvier. Une atmosphère de ville morte plane sur cette cité coupée du monde depuis jeudi. La plupart des commerces y sont fermés et la circulation interdite aux véhicules non essentiels, a constaté une équipe de l’Agence France-Presse. «Chaque jour, je m’inquiète davantage», a raconté un étudiant vietnamien, Do Quang Duy, 32 ans. Comme pour mettre du baume au cœur des habitants, un gratte-ciel proclamait lundi soir en grands caractères roses la phrase «Allez Wuhan !».
Blouse bleue et masque de protection, le chef du gouvernement chinois, Li Keqiang, est arrivé lundi à Wuhan, devenant ainsi le premier haut responsable du régime communiste à se rendre sur place depuis le début de l’épidémie en décembre. Sur une photographie officielle, on peut le voir dans un hôpital, portant une blouse de plastique bleu, le visage recouvert par un masque de la même couleur.

Menace «élevée» pour l’Oms
Des responsables de la province du Hubei font de leur côté l’objet de vives critiques sur les réseaux sociaux, où ils sont taxés d’incompétence ou tournés en dérision. Ces commentaires sont un exemple rare de colère exprimée publiquement en Chine, où les récriminations à l’encontre des autorités sont généralement censurées. Le patron de l’Oms (Organisation mondiale de la santé), Tedros Adhanom Ghe­bre­­yesus, était de son côté attendu dans la journée à Pékin. Son organisation, qui a renoncé pour le moment à proclamer une «urgence internationale», a cependant qualifié hier lundi la menace liée à cette épidémie d’«élevée».
Pendant ce temps à Hong Kong, des chercheurs ont estimé que les gouvernements devaient prendre des mesures «draconiennes» pour restreindre les déplacements de populations s’ils veulent endiguer la propagation du virus. Selon eux, le nombre des personnes contaminées pourrait doubler tous les six jours pour parvenir à un pic en avril et mai dans les zones déjà confrontées à une épidémie. Ils estiment, sur la base de modèles mathématiques, qu’il y a actuellement plus de 40 mille cas.

Congés prolongés
Les autorités chinoises ont décidé de prolonger de trois jours, jusqu’au 2 février, les très longs congés du Nouvel an (sept jours fériés), afin de retarder les retours massifs vers les villes de centaines de millions de travailleurs migrants rentrés passer les fêtes dans leur famille et de réduire ainsi les risques d’extension de l’épidémie. Un chiffre de nature à accroître la peur d’une diffusion de la maladie, d’autant que, selon des responsables sanitaires chinois, le virus peut se transmettre avant même l’apparition de symptômes. Plusieurs grandes villes ont déjà annoncé la suspension des lignes d’autocars longue distance qui les relient au reste du pays.
Dans les hôpitaux de Wuhan, la situation s’avère parfois chaotique : les patients doivent attendre des heures avant de voir un médecin. La construction de deux sites supplémentaires pouvant accueillir chacun plus de 1 000 lits doit être achevée sous quinze jours. «La capacité de propagation du virus s’est renforcée», ont déclaré dimanche de hauts responsables sanitaires chinois, même s’il ne s’avère pas «aussi puissant que le Sras», un précédent coronavirus qui avait fait des centaines de morts au début des années 2000.
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