Les réactions liées à l’affaire du corps exhumé puis brûlé à Kaolack continuent de plus belle. Le président du Comité sénégalais des droits de l’Homme, qui dénonce un «acte d’une extrême gravité», «un déni absolu d’humanité, de dignité, de justice», annonce la mise en place d’un comité conjoint pour le suivi de ce dossier. Il a été criminalisé par le procureur de la République de Kaolack, qui est à l’origine du retour de Parquet de personnes dont le chef de quartier de Ndangane. Par Dieynaba KANE –
Le président du Comité sénégalais des droits de l’Homme (Csdh) a dénoncé et condamné «fermement l’exhumation d’un corps humain traîné et brûlé par une foule en furie le samedi 28 octobre à Kaolack». Dans un communiqué, Me Pape Sène considère «cet acte d’une extrême gravité» comme «un déni absolu d’humanité, de dignité, de justice» qui «nous interpelle tous». Pour que cet acte ne reste pas impuni, les auteurs du communiqué informent que «le président du Csdh, les représentants du Bureau régional du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme pour l’Afrique de l’Ouest et d’Onusida se sont consultés et ont convenu de mettre en place un comité conjoint chargé de faire le suivi de cette affaire qui doit être traitée en toute indépendance et impartialité, dans le respect strict des droits de l’Homme».
Par ailleurs, dans le document, Me Pape Séne relève : «Les manifestations d’indignation que cet acte soulève partout dans le pays, ainsi que les communiqués d’instances religieuses condamnant cet acte montrent parfaitement un rejet national profond et salutaire.» Tout en encourageant le procureur qui a aussitôt ouvert une enquête judiciaire, le président du Csdh l’exhorte «à engager des poursuites pénales contre toutes les personnes impliquées de près ou de loin dans cette affaire».
5 individus envoyés en prison, retour de Parquet pour 10 autres
Il faut noter que le dossier judiciaire a pris une nouvelle tournure après que le procureur de la République de Kaolack a décidé d’ouvrir une information judiciaire. Si aucun juge d’instruction n’a été choisi par le ministère public, 10 personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire ont subi un retour de Parquet, notamment le délégué du quartier de Ndangane.
En attendant que le sort des auteurs présumés de cet acte soisoit t connu, cinq individus ont été placés sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Kaolack pour destruction de biens appartenant à autrui. Ils seront jugés en procédure de flagrant délit la semaine prochaine.
Samedi dernier, beaucoup de Sénégalais ont été choqués par les images d’une foule surexcitée qui exultait autour d’un feu, à quelques mètres du cimetière où le cadavre d’un homme présenté comme un «homosexuel» a été exhumé et brûlé par les habitants de Léona Niassène. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer cet acte ignoble. Des religieux et des organisations de défense des droits de l’Homme ont condamné cet acte. Le Khalife général de Léona Niassène, localité où les faits se sont déroulés, a condamné cet acte qui «ne peut en aucun cas être justifié, ni toléré».
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