Un «acte répréhensible a été commis à l’encontre d’un individu dont nous n’avons aucune responsabilité sur sa vie privée». C’est en ces termes que le Khalife général de Léona Niassène a condamné ce qui s’est passé dans sa localité samedi, où des individus ont exhumé et brûlé le corps d’une personne considérée comme un homosexuel.Par Dieynaba KANE –

Le corps exhumé et brûlé par des individus à Kaolack dans la soirée du samedi continue de faire réagir. Le Khalife général de Léona Niassène, localité où cet acte barbare a été commis, a dans un communiqué, exprimé sa «profonde indignation». Dans la même veine, le chef religieux a condamné «l’acte répréhensible qui a été commis à l’encontre d’un individu dont nous n’avons aucune responsabilité sur sa vie privée». Il martèlera : «Cet acte ne peut en aucun cas être justifié ni toléré.» En outre, Serigne Cheikh Tidiane Niass a tenu à informer «l’opinion nationale et internationale que Léona Niassène n’est ni de près ni de loin impliqué dans cet acte odieux». Poursuivant ses propos, il souligne que «des informations erronées ont été relayées par des personnes dont les intentions» leur sont inconnues, mais il réaffirme que «la communauté condamne toute forme de violence, d’intolérance et d’atteinte à la vie privée des individus».

Corps exhumé et brûlé à Kaolack : L’enfer avant la mort

Par ailleurs, M. Niass précise dans le document que «le cimetière ne relève pas de la compétence de Léona Niassène», et il ne leur «incombe en aucun cas de décider qui doit être inhumé ou non dans les cimetières».

Et de rappeler : «Notre foi est basée sur les enseignements de l’islam, qui promeut la paix, la tolérance, la compassion et le respect des droits individuels. Nous condamnons toute interprétation déviante de notre religion qui justifierait de tels actes.» Le chef religieux a profité de cette occasion pour appeler «à l’unité, à la compréhension mutuelle et à la préservation de la paix et de l’harmonie au sein de notre communauté et dans le monde entier». «Notre engagement envers la foi et les enseignements de l’islam reste inébranlable, et nous continuerons à œuvrer pour la promotion de ces valeurs fondamentales. Que la paix et la sagesse d’Allah guident nos cœurs et nos actions», a-t-il prié.

Les organisations des droits de l’Homme condamnent un «acte qui porte atteinte à la dignité du défunt»
Les organisations de défense des droits humains ont manifesté leur indignation suite à l’affaire du corps exhumé et brûlé à Kaolack. Dans une déclaration commune, Amnesty international Sénégal, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) et la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh) ont condamné «vigoureusement cet acte qui porte atteinte à la dignité du défunt et de sa famille». Les organisations ont ainsi exhorté «les autorités judiciaires, qui se sont déjà autosaisies, à rechercher les auteurs et à les traduire en justice dans le cadre d’un procès équitable».

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Dans leur document, ces organisations de défense des droits humains rappellent que «conformément à la législation sénégalaise, la création, la désaffection ou l’agrandissement des cimetières relèvent de la compétence des maires des communes et des villes, (article 81 alinéa 11 et de l’article 169 alinéa 8 du Code général des collectivités territoriales)». Partant de ce fait, elles soutiennent que «les maires ont l’obligation de délivrer un permis d’inhumer aux proches de toute personne décédée et de veiller à la sécurité des cimetières».
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