L’Envoyé personnel du Président français est actuellement en Côte d’Ivoire. La principale mission de Jean-Marie Bockel est de repenser l’architecture des bases militaires françaises sur le continent. Mais hier, le 20 février 2024 à Abidjan, il a également pu aborder la question des restitutions des pièces et œuvres d’art. Il a notamment visité le Musée des civilisations, où le tambour parleur, première pièce qui devrait être restituée par la France à la Côte d’Ivoire, sera conservé. Un crâne d’éléphant domine l’entrée du musée et juste derrière, il y a un espace encore vide. C’est ici que le tambour parleur pourrait être installé, une fois restitué. «Il a été restauré avec les communautés qui ont souhaité que certains pigments ne soient pas touchés.» Tablette en main, la ministre de la Culture montre une image en trois dimensions du Djidji Ayokwé, restauré par le Musée du Quai Branly. En attendant le retour du tambour, les employés du Musée des civilisations se préparent. Ils se forment pour numériser de nombreuses pièces de ce musée.
«Dialogue»
«Nous avons reçu, bien sûr, un appui du ministère des Affaires étrangères de la France, qui nous permet aujourd’hui de réhabiliter le musée, qui nous permet aussi de former nos agents et nos conservateurs. Le dialogue se poursuit. Tout est mis en place pour que ce tambour revienne dans les meilleures conditions ici, en Côte d’Ivoire», explique Françoise Remarck, la ministre de la Culture ivoirienne. A ses côtés, l’Envoyé spécial du Président français, Jean-Marie Bockel, est impressionné. «Ce sont vraiment des partenariats porteurs d’avenir et qui, je crois, symbolisent également la qualité de la relation à la fois respectueuse, profonde et riche entre la France et la Côte d’Ivoire.» Côté français, l’Assemblée nationale doit encore adopter une loi-cadre pour formaliser la restitution des biens culturels spoliés.
La restitution du tambour parleur à la Côte d’Ivoire se précise
Cette pièce en bois de 3, 50 mètres de long, qui servait notamment d’outil de communication, a été confisquée en 1916 par les colons français. En novembre, le tambour parleur a été totalement restauré en France. Depuis, il est conservé au Musée du Quai Branly. Cette restauration lui a permis d’être en état pour supporter le voyage vers la Côte d’Ivoire. Selon les autorités françaises, le processus est «bien engagé». Mais il faut encore l’adoption d’une loi-cadre par le Parlement. «Il faut que le gouvernement présente un projet de loi au Parlement et qu’il puisse être discuté et adopté par nos deux chambres. C’est un processus qui n’est pas si long, mais qu’il faut respecter», explique Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale française. Côté ivoirien, les communautés Bidjan continuent de préparer ce retour. Et la Côte d’Ivoire pourrait aussi bénéficier de l’expertise française pour affiner ce projet.
Pour Françoise Remarck, la ministre de la Culture, «c’est une véritable opportunité de construction d’une coopération avec plusieurs aspects», notamment «l’expertise, en matière de conservation, et c’est normal que la Représentation nationale française s’interroge sur le lieu où le tambour reviendra, et ce lieu sera abordé». Outre le tambour parleur, la Côte d’Ivoire a dressé une liste de 147 autres objets à lui restituer.
Rfi