La couverture maladie universelle ne prend pas en charge les besoins spécifiques des personnes vivant avec le Vih et les populations clés. L’Alliance nationale des communautés pour la santé a fait une évaluation de la mise en œuvre de la Cmu dans le contexte de la riposte contre l’infection à Vih. Pour cette Ong, il faut réadapter le modèle de prise en charge et permettre à cette cible de saisir les opportunités de la Cmu.

Il est urgent pour la Couverture maladie universelle de trouver un modèle spécifique pour une prise en charge effective des personnes vivant avec le Vih/Sida et des populations vulnérables dans le cadre de la réponse contre le Vih. C’est là le principal enseignement de l’étude sur la mise en œuvre de la Cmu dans le contexte de la riposte contre l’infection à Vih. Pour la secrétaire exécutive de l’Alliance nationale des communautés pour la santé (Ancs), les Pvvih ont des besoins spécifiques. «Et il faut une démarche spécifique pour pouvoir les prendre en charge dans le cadre de la riposte du Vih. Autrement, souligne Magatte Mbodji, cette cible risque de ne pas bénéficier des opportunités offertes par la Cmu.»
Parmi les obstacles qui empêchent les Pvvih de saisir les opportunités de la Cmu, il y a d’abord la nature des mutuelles de santé. Celles-ci respectent la pyramide sanitaire et orientent les bénéficiaires vers les postes de santé ou les centres. Or dans ces structures, l’offre de services ne prend pas en compte les spécificités des personnes vivant avec le Vih, notamment les médicaments utilisés par cette cible. «Et cela pose problème», regrette Mme Mbodji.
A cela il faut ajouter les risques de stigmatisation et de discrimination qui, selon elle, constituent des freins pour l’enrôlement des Pvvih dans les mutuelles. «Si on veut que les populations clés et les Pvvih aillent au niveau communautaire pour s’inscrire dans les mutuelles alors qu’on ne leur garantit pas la confidentialité, ça pose un problème», alerte la secrétaire exécutive. Pourtant ce problème était réglé, car dans les hôpitaux ou les centres spécialisés, le médecin-traitant gère bien cette confidentialité. «Cette cible rechigne à adhérer aux mutuelles, car beaucoup n’ont pas envie que leur statut soit connu puisqu’au niveau de la mutuelle, c’est la communauté qui gère», renseigne Ibrahima Ba, secrétaire général du Réseau national des personnes vivant avec le Vih.
Pour lever ces contraintes et permettre à cette population de saisir les opportunités de la Cmu, l’Ancs invite l’Agence de la Cmu à réadapter le modèle proposé à la population générale aux besoins spécifiques des Pvvih et de la population clé. L’Ong a suggéré la mise en place de mutuelles complémentaires. Le ministère de la Santé a déjà essayé ce modèle à Kaolack, mais le financement assuré par les partenaires techniques a fait défaut. Une 2ème phase est en train d’être mise en œuvre à Sédhiou, Ziguinchor et Kaolack avec une approche plus participative. Ces mutuelles complémentaires permettent aux Pvvih et aux populations clés de bénéficier de la Cmu comme la population générale et d’avoir aussi les services de la mutuelle complémentaire axée plus sur les besoins spécifiques de cette cible. Le directeur de l’Assurance maladie de la Cmu se dit conscient de ces insuffisances de la Cmu par rapport aux besoins des Pvvih. Il dit être en phase avec l’Ancs sur toutes ces questions. «Aujourd’hui, on s’est rendu compte qu’il faut des réponses appropriées aux différentes couches de la population. Nous sommes ouverts aux propositions», ajoute-t-il. Au terme de cette rencontre, un rapport global sera produit avec des recommandations «précieuses et pertinentes pour le grand bonheur des Pvvih».
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