Contrôlé positif au Covid-19, Hissein Habré a été admis aux urgences. Son état de santé est alarmant, surtout qu’il traîne des comorbidités qui risquent de fragiliser encore sa santé chancelante depuis des années.

Par Bocar SAKHO – Hissein Habré est positif au Covid-19. Selon des informations du Quotidien, il est même admis aux urgences à cause des complications liées au diabète et à l’hypertension. Ces comorbidités risquent de compliquer sa prise en charge. «Sa situation est alarmante», confirme un interlocuteur qui annonce qu’il est soigné dans une clinique. Il faut rappeler qu’au début de la pandémie, Hissein Habré avait été placé le 7 avril 2020 en résidence surveillée pour 60 jours à cause des risques pour sa santé et de son âge avancé. Malgré la gravité de la troisième vague, les autorités ne lui avaient pas accordé ce même privilège en dépit de la demande de ses avocats.
Vieux et «malade», Habré continuait à purger sa peine à perpétuité au Cap Manuel. En détresse, son épouse avait plaidé pour que son mari sorte de prison en saisissant les Ong de défense des droits de l’Homme, à savoir la Raddho, le Forum du justiciable, Afrika jom center, la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), l’Organisation nationale des droits de l’Homme (Ondh), le Comité sénégalais des droits de l’Homme, Amnesty Sénégal. Fatimé Raymonde Habré insistait sur la «santé fragile» de l’ex-Président tchadien en mettant le curseur sur la troisième vague. «Aujourd’hui, la situation du Covid-19 est grave et les risques sont énormes, la contamination est incontrôlable et se poursuit dangereusement. Nos avocats ont exprimé leur préoccupation en révélant, à ma suite, que le Président est hypertendu, diabétique. Autrement dit, il est en danger», écrit-elle.
Après 8 années de prison, «de multiples tracasseries, de manque de soins adéquats», il est «épuisé par cette détention et à bout», et se trouve «dans ce contexte éprouvant et difficile avec le variant Delta qui effraye toute la population». Mme Habré dénonçait «la mise en danger de sa personne face à cette poussée épidémique».
Son appel a été entendu par la Raddho, le Forum du justiciable et Africa jom center dont le leader a été l’un des plus grands militants du jugement de Habré. Ils avaient demandé à l’Etat de le libérer, vu son âge et son état de santé. Ils demandaient la sortie de prison de l’ancien Président du Tchad, jugé en 2016 par les Chambres africaines extraordinaires (Cae) et incarcéré à la prison du Cap Manuel depuis juin 2013.
Alioune Tine, tête de file des défenseurs des droits de l’Homme, qui ont milité pour qu’il soit jugé, reconnaît que Hissein Habré garde «intact son droit à la vie et à la santé». Selon lui et les secrétaires généraux de la Raddho, du Fdj, «rien ne devrait s’opposer» vu l’âge, la santé de M. Habré à un allègement de ses conditions de détention pour des raisons humanitaires.
Dans l’attente de leur indemnisation, les 7 396 victimes identifiées du régime «dictatorial» de Habré avaient demandé qu’il continue à purger sa peine. La Chambre d’appel a confirmé la condamnation en avril 2017 à perpétuité de l’ex-Président tchadien pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et torture, et octroyé 82 milliards de francs Cfa aux parties civiles et mandaté un Fonds fiduciaire de l’Union africaine pour lever de l’argent en recherchant les avoirs de Habré et en sollicitant des contributions volontaires. Bien que l’Ua ait adopté le Statut du Fonds fiduciaire en 2017 et alloué 5 millions de dollars au Fonds, celui-ci n’est toujours pas opérationnel. Plus de 4 ans après, elles sont lasses de patienter pour toucher le fonds.
bsakho@lequotidien.sn