COVID-19 Décès à domicile – THIÈS SUR DE MAUVAIS RAILS : Deux personnes âgées emportées par la pandémie – La famille de la dernière victime indexe les autorités médicales
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Après Lamine Sène, l’imam de la mosquée de «Bountou Dépôt», qui a été déclaré post-mortem positif au Covid-19, Baye Serigne Thiam est décédé, ce mardi 5 mai 2020, dans les mêmes circonstances au quartier Cheikh Abdoulaye Yakhine. Un 2e décès communautaire, qui inquiète les populations sur la progression silencieuse des cas non liés à une chaîne de transmission de la pandémie du Covid-19. La famille dénonce le laxisme des autorités sanitaires de la ville de Thiès dans la prise en charge de leur parent.
A Thiès, la panique secoue terriblement l’opinion, depuis ce jeudi 7 mai, avec l’annonce du décès de Baye Serigne Thiam, déclaré post-mortem, positif au Covid-19, au quartier Cheikh Abdoulaye Yakhine communément appelé «Mouride Gua». Un 2e décès communautaire dans la ville de Thiès qui inquiète sur la progression silencieuse des cas non liés à une chaîne de transmission de la pandémie du Covid-19 dans cette ville où les premiers cas communautaires déclarés au Sénégal le 23 mars 2020 y ont été notés. Une cité aujourd’hui plus que jamais terrorisée et terrifiée par la peur avec la résurgence de la maladie du Covid-19. Pourquoi ? «Parce que le vieux Baye Serigne Thiam a été contaminé chez lui. Il était malade et cloué au lit depuis plus de 5 ans. L’état de santé du vieil homme n’était pas stable, après qu’il a eu un Accident vasculaire cérébral (Avc). Il ne pouvait pas sortir. Donc comment il a pu entrer en contact avec le virus», s’interrogent les riverains emparés par la panique. Pris de court, et dans l’attente de clarification de la part des autorités médicales qui sont encore dans le mutisme, ils n’ont guère hésité à conclure à des «cas positifs au sein même de la famille du vieux parce que c’est un décès à domicile». Ce d’autant même, poursuivent les riverains, qu’«au sein même de la famille il y a un agent de santé. C’est son petit-fils». Catastrophe ! Une inquiétude d’autant plus grande qu’un jeune talibé a été récemment testé positif dans ledit quartier Mouride Gua. «Lui aussi c’était un cas dont la source de contamination communautaire n’a pas encore jusqu’à présent été identifiée avec certitude.» Pour simplement dire, selon les populations, «que le Comité départemental de la gestion des épidémies doit réfléchir sur le cas Mouride Gua».
En effet, le vieux de 94 ans a rendu l’âme au moment où il était en train d’être évacué à l’hôpital Saint Jean de Dieu, le mardi 5 mai aux environs de 17h heures. Le corps a ensuite été transféré à la morgue dudit hôpital où des prélèvements ont été effectués en vue de son inhumation en toute sécurité. Malheureusement, le test est revenu positif au coronavirus. Une annonce à l’effet d’une bombe chez le voisinage. Lequel venu pour partager la peine de la famille a commencé à s’éclipser. Et très vite la panique s’est installée dans le coin où la famille du défunt avait déjà engagé les différentes procédures pour procéder à son inhumation, les autorités administratives et sanitaires ont opposé un niet catégorique.
Du côté de sa famille, la version est différente. Mbacké Guèye confie: «Dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 à 1h du matin, on l’a évacué d’urgence à l’hôpital Saint Jean de Dieu et le médecin traitant trouvé sur place n’a pas pris le temps de le consulter normalement parce qu’il n’avait pas d’équipements pour s’occuper de notre malade parce qu’il présentait, selon lui, des signes du Covid-19. Aussitôt il nous a demandé de l’évacuer au Centre de traitement des épidémies de l’Hôpital régional de Thiès. Mais là-bas nous avons fait deux tours d’horloge avant de voir le médecin de garde. Ce dernier, après l’avoir consulté, a voulu l’isoler dans une salle ou il y a des cas suspects à haut risque.» Il précise : «Mais nous avons refusé parce que la condition c’était qu’il ne devrait pas y avoir d’accompagnant dans la salle alors que notre malade était un vieux très âgé. C’est ensuite que nous sommes rentrés chez nous avec notre malade. Et le mardi avant son décès à 17 h, on n’a appelé durant toute la journée les autorités sanitaires pour qu’elles viennent faire les prélèvements nécessaires, mais en vain. Elles n’ont malheureusement pas effectué le déplacement. Et c’est après sa mort qu’elles ont commencé à nous mettre la pression. Elles ont débarqué ici 30 minutes après le décès pour amener le corps à l’hôpital Saint Jean de Dieu où des prélèvements ont été effectués. Et c’est le mercredi à 16 h qu’on nous a annoncé que le test post-mortem était positif.»
En attendant de lever les équivoques, le Comité départemental de lutte contre les épidémies s’est déployé, hier, à la maison mortuaire. Et au total, 22 personnes dont un agent de santé ont été mises en quarantaine dans un hôtel. Les éléments du service d’hygiène et de la Compagnie d’incendie et de secours se sont mobilisés pour une opération de désinfection. Selon les autorités médicales, des investigations sont en cours pour déterminer le lien épidémiologique. Le vieux Baye Serigne Thiam a été inhumé, dans la matinée de ce jeudi 7 mai 2020, dans la plus grande discrétion, au cimetière Abdoulaye Yakhine dans la commune Est.
A rappeler que le 8e décès du Covid-19 au Sénégal s’est déroulé dans les mêmes circonstances à Thiès. Le Sapeur-pompier à la retraite, Lamine Sène, imam de la mosquée du quartier Bountou Dépôt de Thiès, a été lui aussi déclaré post-mortem, positif au Covid-19. Le vieux de 88 ans avait contracté le virus, développé les symptômes, sans le savoir. C’est après sa mort le samedi 25 avril 2020, à son domicile sis au Bountou Dépôt, que son infection au Covid-19 a été détectée. Mais avant son décès, il avait présenté 10 jours durant un état grippal et une toux auxquels lui et sa famille n’avaient pas accordé trop d’importance.