Le variant indien du Covid-19, réputé plus contagieux, est présent au Sénégal dans un contexte de légère hausse des nouveaux cas. Toutefois, du côté du ministère de la Santé et de l’action sociale, le porte-parole soutient qu’on ne peut pas d’emblée établir un lien entre les hausses et les variants.Par Dieynaba KANE

– Le variant indien a fait son apparition au Sénégal au moment où il est remarqué un relâchement total dans le respect des gestes barrières. Cette situation fait craindre l’arrivée d’une 3ème vague d’autant plus que depuis quelques jours, il est constaté une courbe ascendante de nouveaux cas. Ce constat pousse à s’interroger sur un éventuel lien entre la hausse des cas et les variants détectés par l’Institut Pasteur de Dakar. Seulement, d’après le directeur de la Prévention et porte-parole du ministère de la Santé et de l’action sociale, «on ne peut pas d’emblée établir un lien entre les hausses observées ces derniers temps et les variants en question». Dr Mamadou Ndiaye, qui intervenait à la Rfm hier, souligne que le communiqué de l’Institut Pasteur fait état de la revue «du mois d’avril à mai». Partant de ce fait, il soutient que «même si ça a coïncidé en partie avec la hausse, on ne peut pas le dire, parce qu’on ne connaît pas l’ampleur de ces variants par rapport à l’ensemble des cas qui ont été observés».
Poursuivant ses explications, Dr Ndiaye ajoute : «Tout compte fait, c’est avec le résultat de la surveillance que ces cas ont été notifiés. Ils ont été retrouvés dans les échantillons après séquençage. On ne connaît pas la prépondérance, leur étendue par rapport aux cas qui ont été observés.»
A la question de savoir s’il y a des raisons d’avoir peur avec la présence du variant indien décrit comme étant plus contagieux, le porte-parole du ministère de la Santé pense qu’il «ne faut pas seulement être rivé sur les variants». Pour Dr Mamadou Ndiaye, «c’est le virus qui doit poser problème en réalité». «Il ne faut pas que les gens aient une fixation par rapport à un variant pour régler le problème. De manière globale, il faut avoir peur du virus même si le variant en tant que tel donne la frousse aux gens. Il faudra redoubler de vigilance pour éviter qu’on soit envahi par le virus parce que les variants, tant que la pandémie va perdurer, vont apparaître. Il faudra qu’on soit focalisé sur la lutte contre le virus.»
Participant au débat, Seydina Alioune Boly, spécialiste en préparation et réponse aux catastrophes sanitaires, a insisté sur la nécessité d’accélérer la vaccination contre le Covid-19. Estimant la population sénégalaise à 17 millions, il renseigne que pour avoir l’immunité collective, il faut au moins vacciner 2/3 de la population, soit 11 millions de personnes. Selon M. Boly, si on vaccine «4 000 personnes par jour, il va nous falloir 7 ans, c’est-à-dire jusqu’à 2029», pour atteindre l’immunité collective. D’après lui, «il est extrêmement urgent et important si on veut atteindre l’immunité collective, qui va nous permettre enfin de respirer, d’accélérer la vaccination».
A ce propos, Dr Mamadou Ndiaye a confirmé la lenteur notée dans la vaccination. «Les vaccins ne sont pas suffisants dans le monde, y compris au Sénégal. Mais le paradoxe, c’est que nous ne parvenons pas à avoir une rupture de vaccins. Nous avons un lot de vaccins suffisant pour les personnes qui doivent être vaccinées en priorité. Les gens se vaccinent, mais le rythme est assez faible. Il faudra l’accélérer», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, la situation au Sénégal avec l’apparition des variants pousse aussi à poser la question de la surveillance au niveau des frontières. Sur les communiqués du ministère de la Santé depuis plusieurs mois, il n’est pas évoqué des cas importés. Comment alors expliquer la présence du variant indien au Sénégal ? Des questions auxquelles les autorités sanitaires devront apporter des réponses. Même si Mamadou Ndiaye, lors de son intervention hier, a déclaré que la présence des variants «est une chose avec laquelle il faut composer, compte tenu de la circulation de personnes», il faudra toutefois édifier sur l’efficacité des tests exigés à l’aéroport pour l’entrée sur le territoire.
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