Au total, ce sont 104 œuvres de 93 artistes qui intègrent le domaine artistique privé de l’Etat. L’opération d’achat, qui s’est faite par le biais des fonds mis à la disposition des acteurs du secteur artistique impactés par le Covid, a permis également à 582 artistes de bénéficier d’un fonds social.

Dans un espace étriqué au-dessus de la Galerie nationale d’art, les toiles, les tapisseries, les photos et les sculptures exposées sont toutes signées par des artistes reconnus. Touré Mandemory présente une photo prise sur la plage de Sendou. Couleur de pêche saisit le geste d’une femme déversant une bassine de sardinelles sur le sable, Abdoulaye Diama Diop présente la photo en noir et blanc d’un enfant sortant des flots, une plume à la main. Abdoulaye Ndao expose les conséquences du couvre-feu avec une vue aérienne du pont de la foire déserté. Les toiles sont toutes aussi saisissantes avec le chaos urbain de Colobane que Nfally Sène Sow ne cesse de peindre, l’œuvre de Daouda Ndiaye Actualité, une série de portraits d’hommes, de femmes et d’enfants sur un collage à base de papiers de presse. Toutes ces œuvres ne sont pourtant qu’une infime partie des 104 œuvres de 93 artistes acquises pour le compte du domaine privé artistique de l’Etat dans le cadre du Fonds Covid-19 qui a affecté 500 millions au secteur des arts visuels. La présentation de ces œuvres au ministre de la Culture et de la communication a eu lieu ce mardi. Contrairement aux autres secteurs des arts, les artistes visuels ont choisi de donner leurs œuvres en contrepartie des fonds Covid qui leur ont été alloués. Selon le porte-parole du comité de sélection, c’est à la suite d’un appel à candidature que les œuvres ont été choisies. «93 œuvres et 6 tapisseries des Manu­factures des arts décoratifs de Thiès (Msad) ont été sélectionnées à travers plusieurs expressions artistiques», expli­que Mbaye Babacar Diouf. Les choix opérés par le comité de sélection ont enchanté le ministre. «En parcourant le procès-verbal de la sélection et le rapport final du sous-comité sectoriel arts visuels, j’ai été émerveillé par la diversité et la profondeur des projets artistiques et esthétiques des chefs d’œuvre présentés», indique Abdoulaye Diop.
Pour les artistes qui n’avaient pas été retenus par l’appel à candidature, un fonds social a été mis en place dans l’ensemble du pays. «Des appuis sous forme d’aide sociale ont pu être alloués à 582 artistes visuels répartis comme suit : 306 artistes dont les œuvres n’ont pas été retenues à raison de 500 mille francs par personne soit 153 millions et 276 autres recensés sur le fichier des artistes visuels à raison de 200 mille soit 55 millions 200 mille francs Cfa», renseigne le ministre de la Culture. Abdoulaye Diop informe qu’en sus de ces actions, les fonds ont permis de financer des activités de renforcement des capacités de création et de production de biens culturels. Les œuvres retenues seront ainsi affectées aux institutions et administrations publiques mais aussi à des représentations diplomatiques pour participer au rayonnement culturel du pays.

Précisions de Mbaye Babacar Diouf : La pertinence des œuvres, unique critère de choix
Les femmes-plasticiennes, les artistes de la Medina ont manifesté leur frustration au moment du choix des œuvres achetés par le biais du Fonds Covid19. Mais selon le porte-parole du comité de sélection, tout s’est déroulé dans les règles. Selon Mbaye Babacar Diouf, il a fallu près d’un mois de réflexion au comité pour définir la meilleure formule de distribution. «Les uns et les autres ont leurs opinions mais le jury a travaillé sur la base de certains critères», explique le jeune artiste qui estime qu’avec cette opération, l’Etat du Sénégal se retrouve avec des œuvres de qualité entre les mains. «Le jury a juste pensé à la pertinence du travail présenté pour le domaine artistique de l’Etat plutôt que de penser en termes de représentativité de genre. Le travail qui a été fait a été apprécié par la majorité des artistes», poursuit-il. Quant au prix de ces œuvres, M. Diouf explique qu’ils varient en fonction des artistes. «Ce n’était pas facile pour l’achat des œuvres parce que tous les artistes n’ont pas la même cote, mais des artistes de renom ont accepté de diminuer le prix de leurs œuvres. C’est ce qui a permis au fonds de couvrir ces demandes aussi bien pour l’achat des tableaux que pour le fonds social», dit-il.