COVID-19 Instauration de la journée continue dans les zones les plus touchées : Le protocole sanitaire du Saems
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En tournée à Thiès, le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen-secondaire (Saems) a préconisé l’instauration de la journée continue dans les zones les plus touchées par la deuxième vague de Covid-19, afin de réduire les déplacements des élèves.
L’Etat serre la vis pour combattre le virus avec l’instauration de l’Etat d’urgence assortie d’un couvre-feu dans les régions de Thiès et Dakar, du port obligatoire de masque pendant trois mois, les restrictions dans les transports et l’interdiction des rassemblements. Mais il reste visiblement une zone à surveiller : Les écoles. Faut-il aller vers une nouvelle fermeture ? Le Syndicat autonome des enseignants du moyen-secondaire (Saems) n’est pas du tout favorable. Il préconise la journée continue pour limiter les déplacements des potaches. A la faveur d’un face-à-face avec la presse à Thiès, le secrétaire général du Saems, Saourou Sène, note : «Le Sénégal, à l’instar de beaucoup de pays du monde, traverse une crise sanitaire sans précédent. Et cette 2e vague du Covid-19 nous intéresse à plus d’un titre d’autant plus que nous sommes dans un secteur très sensible que l’on appelle l’école. Et c’est un lieu de ralliement des élèves. C’est la raison pour laquelle, conformément à la décision du ministère de l’Intérieur, nous pensons que celui de l’Education doit aller très rapidement vers une réunion des acteurs, même si elle doit se tenir en vidéo-conférence, pour que nous puissions réapprécier le déroulement normal des enseignements-apprentissages, en faisant en sorte que les déplacements des élèves soient limités.» Autrement dit, il propose une refonte des horaires de cours. «Là où les élèves faisaient 4 fois l’aller-retour, venir le matin repartir à 12 h, revenir à 15 h et rentrer après, je crois que c’est important que nous puissions revoir cette situation, et faire en sorte que les élèves puissent avoir un seul aller et retour», dit-il. En quoi faisant ? «En instaurant partout la journée continue jusqu’à 13 h ou à 15 h, dans les zones infectées», préconise le patron du Saems. Aux yeux de Saourou Sène, «cela peut aider à amoindrir les déplacements des élèves, et par conséquent participer à leur protection».
Au-delà de l’instauration de la journée continue, le syndicaliste estime que «l’école doit bénéficier d’une protection et de la solidarité de tous les acteurs, qu’il s’agisse du gouvernement, des collectivités territoriales, des entreprises sénégalaises, qui doivent aussi aider les écoles à disposer de masques, de gels, de lavoirs et de tout ce qui peut aider à ce que les enfants soient dans une situation de sécurité». Parce que, fera-t-il remarquer, «aujourd’hui nous ne pouvons respecter la question de la distanciation physique pour la bonne et simple raison que nos classes sont bondées de monde. Dans la banlieue comme dans beaucoup d’autres écoles sénégalaises, les élèves s’assoient à trois et parfois même à quatre. Et c’est cela qui nous inquiète et qui fait qu’il faut qu’ils soient tous masqués».
Par ailleurs, il interpelle les parents-élèves, l’Etat, les chefs d’établissement et les enseignants sur la gestion de la pandémie. «Il y a une charge de responsabilité que chacun devra respecter», explique M. Sène, qui rappelle que «le Covid-19 est une forte préoccupation au niveau scolaire, et par conséquent toutes les autorités doivent prendre leur responsabilité pour mettre l’école dans une parabole de sécurité».
THIES Saourou Sène sur l’affaire des «flashs cas» : «Une pratique intolérable»
Aujourd’hui, les autres actualités brûlantes de l’école sont nombreuses. Il y a notamment l’affaire des «flashs cas», la disparition de Diary Sow en France, le débat sur l’introduction de la sexualité dans les programmes scolaires sénégalais. Sur la première question, il interpelle le ministère de l’Education nationale et ses services déconcentrés, c’est-à-dire les inspections d’académie, les Ief pour «faire la sensibilisation au niveau des élèves pour que la pratique de ‘’flash cas», une nouvelle tendance dans les pratiques des écoliers sénégalais, consistant à vilipender, de manière anonyme, sur un réseau social, des camarades de classe, des membres du personnel enseignant ou administratif, cesse». Il martèle : «C’est une pratique inacceptable, intolérable et nous ne pouvons plus l’accepter.» S’agissant de la disparition en France de l’étudiante sénégalaise Diary Sow, deux fois lauréate du Concours général, il a demandé à l’Etat de donner un minimum d’information officielle aux Sénégalais. «En tant que Sénégalais, nous avons droit à l’information par rapport à cette situation. C’est vrai qu’il y a des questions qui relèvent du confidentiel, dans la dynamique des enquêtes et des recherches, mais il y a un minimum d’information officielle que nous attendons des autorités sénégalaises par rapport à la situation de Melle Diary Sow», détaille Saourou Sène. Le secrétaire général du Saems a conclu son point de presse sur le débat autour de l’introduction de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires. Et son propos a le poids d’un avertissement : «Même si le président de la République a affirmé clairement qu’il ne saurait être question d’introduire l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires au Sénégal, la vigilance s’impose malgré tout, parce que l’école peut être un lieu de dépravation, si jamais nous acceptons que certains modules soient introduits dans nos programmes.»