La peur au ventre, les populations sont massivement sorties se faire vacciner après la réception du vaccin Johnson & Johnson. Plus de 900 personnes ont reçu hier leur dose au niveau du point de vaccination décentralisé du stade Léopold Sédar Senghor. Cette stratégie vaccinale de proximité a aussi été expérimentée à Colo­bane et au Monument de la Renaissance africaine qui a reçu un monde fou.Par Justin GOMIS

– C’est le début d’une prise de conscience collective qui se consolide chaque jour. L’arrivée de la troisième vague avec son lot de morts suscite la peur et l’inquiétude chez les populations qui se ruent vers la vaccination. Installé à la va-vite hier sur l’esplanade du stade Léopold Sédar Senghor comme au Monument de la Renaissance et à Colobane, le point de vaccination de proximité de la Patte d’Oie a attiré énormément de personnes. La peur au ventre. «La maladie s’aggrave. J’hésitais au début, mais j’ai des informations à la télévision des cas graves. Je connais aussi des personnes qui ont chopé le virus. Certaines en sont mortes, d’autres en sont guéries, mais il y en a aussi qui avaient des comorbidités et qui ont beaucoup souffert avant de guérir. C’est ce qui m’a poussée à venir me vacciner», avoue Mariétou Tall, qui a pris sa dose de Johnson & Johnson. Son soulagement est à la hauteur de son anxiété. Mame Diarra Bousso Guèye a été aussi secouée par la situation pandémique actuelle. «C’est à cause de l’augmentation des nouveaux cas. J’ai appris qu’il y a beaucoup de morts ces temps-ci. Je me suis dit que le mieux, c’est me faire vacciner pour me protéger de cette maladie», dit-elle. C’est une belle occasion pour cette dame qui habite Rufisque et travaille à la Cité Mixta, qui jouxte le stade. «Et comme c’est le vaccin Johnson & Johnson qu’on prend une seule fois, j’ai saisi l’opportunité», explique cette dame. Elle a patienté 2 heures avant de se faire injecter sa dose. Pourtant, elle était sceptique au début de la campagne vaccinale. «Je ne croyais pas à cette maladie, mais quand j’ai entendu parler des malades, des morts, je me suis dit que je devais me vacciner. Je ne le fais pas pour moi seule, mais pour aider à stopper la maladie», soutient-elle.

Près d’un millier de personnes vaccinées au stade Senghor
Ce point de vaccination installé au cœur du District Nord, qui fait partie les plus touchés dans la capitale, a été un succès. A cause de l’étroitesse de son centre de référence, l’hôpital Nabil Choucair ne pouvait pas accueillir une opération de vaccination de masse. Le pied de grue des «primo-vaccinés» a débuté à 6h. Alors que la vaccination devait démarrer vers 10h 30. Fatima Coly, âgée de plus d’une vingtaine d’années, et résidant à l’U26 des Parcelles Assainies, a pris sa dose. Si elle ne doute pas de l’existence de la maladie, elle pense qu’il y a une exagération sur les informations livrées dans les médias. «On a dit dans la presse qu’il 17 morts à l’Université. Et qu’elle sera fermée jusqu’au mois d’octobre. Ce n’est pas vrai. Ma petite sœur est à l’Université, elle n’a jamais entendu de parler d’autant de morts», dit-elle.
Cette première journée de vaccination de masse rassure les responsables du District Nord, éreintés par des mois de lutte contre le Covid-19. Sira Doumbouya, responsable du Service de l’éducation et de l’information du District Nord, ne cache pas sa joie : «Avant le démarrage, on était déjà à 600 inscrits. On a pu gérer et jusque-là les gens (16h) continuent à venir. On a vacciné plus de 500 personnes et, vous voyez, ils appellent des chiffres qui dépassent 800. Les gens vont continuer à venir», croit-elle. Qu’est-ce qui explique ce rush ? «S’il y a un rush, c’est parce qu’on ne prend qu’une seule dose pour le vaccin Johnson & Johnson alors qu’il faut deux doses pour les autres si l’on sait que les gens n’ont pas assez de temps pour prendre plusieurs doses», enchaîne Mme Doumbouya.
Aujourd’hui, le vaccin reste le moyen le plus sûr pour se prémunir, ajouté à l’observance des gestes barrières. Mais la situation reste explosive : 763 cas positifs recensés hier sur un échantillon de 3 310 tests réalisés hier, soit un taux de positivité de 23,05%. Il s’agit de 111 contacts et 652 issus de la transmission communautaire, dont 429 dans la région Dakar et 223 dans les autres localités.
Il faut noter que 270 patients ont été déclarés guéris. Alors que 58 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation et 7 nouveaux décès.
Depuis le début de la pandémie, le Sénégal compte 59 mille 286 cas positifs dont 46 mille 038 guéris, 1 307 décès et 11 mille 940 sous traitement.
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