Il faudra désormais se préparer à un couvre-feu à partir de 18h. C’est ce qu’a fait entendre le chef de l’Etat hier, lors d’un entretien exclusif accordé à la Radio France internationale (Rfi). Selon Macky Sall, il faut réajuster les mesures en fonction de l’évolution de la situation. Dans ce cadre, il n’exclut pas le confinement total même s’il pense que le Sénégal peut endiguer la progression sans arriver à cette mesure extrême.

Le président de la République n’exclut pas le réajustement des mesures dans la lutte contre la propagation du coronavirus avec la transmission communautaire qui gagne du terrain. Invité hier de Rfi, Macky Sall n’a pas été catégorique sur la possibilité d’aller vers un confinement total, mais il a fait savoir que «nous allons réajuster les horaires du couvre-feu, peut-être remonter l’heure, démarrer à 18h pour finir un peu plus tard à 7h». En plus de cette mesure, il souligne qu’un accent sera mis sur «la communication au niveau des communautés». D’après M. Sall, «si tout cela ne suffit pas en fonction de l’évolution, nous n’exclurons pas d’aller vers des mesures plus fortes». Quid du confinement total ? Sur cette question, il déclare : «Si demain on devrait y arriver, on le fera. Tout dépendra de l’évolution de la maladie.» Et le chef de l’Etat de rassurer : «Mais considérant ce qui est en cours, je pense que nous pourrons y arriver sans le confinement total.»

La stratégie du Sénégal
Sur la question de savoir si les chiffres des autorités sanitaires sur le nombre de cas positifs sont sous-estimés ou non, le chef de l’Etat a été catégorique. Selon Macky Sall, si le Sénégal a enregistré 3 décès, 198 personnes guéries et 140 sous traitement depuis le début de la pandémie, c’est dû «à une combinaison de facteurs». D’après le Président de la République, «c’est d’abord la prise en charge précoce en milieu hospitalier», avec «un dispositif d’alerte, de coordination et d’identification des contacts mis en confinement total dans des réceptifs hôteliers et la prise en charge des malades». A cela, il ajoute le fait que «nos professionnels de la médecine ont décidé assez rapidement de mettre en place un certain nombre de protocoles qui fait débat en particulier l’hydroxy-chloroquine». En plus, ajoute-t-il, «nous avons une population relativement jeune». «C’est le propre de l’Afrique, peut-être que la jeunesse de la population, les mesures d’endiguement, la prise en charge précoce dans les établissements hospitaliers, tout cela combiné, a contribué à obtenir ces résultats», a-t-il déclaré. S’agissant de la polémique sur l’utilisation de la chloroquine, Macky Sall pense qu’elle n’a pas sa place dans ce contexte de pandémie qui fait des ravages. «Le débat peut se poursuivre, mais le plus important c’est de guérir les malades. Si on considère les bienfaits de cette molécule par rapport aux risques, en tout cas en Afrique la balance pèserait du côté des bienfaits», a-t-il dit.

Polémique autour l’aide alimentaire : «Un débat au ras des pâquerettes»
Lors de cet entretien sur la chaîne française, Macky Sall a été aussi interpellé sur la polémique née de l’aide alimentaire destinée aux couches défavorisées. M. Sall trouve «regrettable, lorsque nous attaquons des sujets importants, qu’on veuille nous ramener vers un débat au ras des pâquerettes». Pour lui, le plus important en ce moment, c’est l’annulation de la dette africaine, les efforts pour mettre en place des plans de riposte. Le Président Sall se désole ainsi «qu’on nous ramène à un débat de transport de vivres et que cela puisse être relayé à ce niveau». Assurant que tout cela se fait dans la transparence, il précise que «tous les pays donateurs, les partenaires techniques et financiers qui sont dans le pays participent et contrôlent parfaitement l’exécution des budgets nationaux». Et le chef de l’Etat d’expliquer : «C’est la raison pour laquelle de plus en plus au Sénégal nous avons des appuis budgétaires et donc des interventions directement sur les budgets puisque les règles sont connues. Sur les commandes publiques, la gestion et toutes les mesures de contrôle, la Cour des comptes, l’Ige sont à pied d’œuvre. Le débat politicien qui nous fait perdre du temps, je ne veux pas descendre à ce niveau.»