Me Malick Sall, Pape Samba Mboup et d’autres Sénégalais moins connus ont été contrôlés positifs au Covid-19 après avoir été vaccinés. Si certains y voient une preuve que les vaccins disponibles pour lutter contre le Covid-19 ne sont pas efficaces, les études scientifiques prouvent le contraire.Par Bocar SAKHO

– Etre vacciné, puis testé positif au Covid-19 quelques jours plus tard est-il possible ? Oui, évidemment ! Le ministre de la Justice, Me Malick Sall, Pape Samba Mboup et d’autres ont eu le virus après avoir pris leurs doses. Ce n’est une première dans le monde même si les «anti-vaccins» voient une preuve que les vaccins disponibles ne sont pas efficaces.
Dans les pays qui ont débuté rapidement leur campagne vaccinale, des gens ont connu cette situation. Dans une étude publiée sur son site, l‘Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), le seul organisme de recherche public français entièrement dédié à la santé humaine, expliquait les raisons de la survenue de cette éventualité : «Un très faible pourcentage de personnes complètement vaccinées développera le Covid-19 si elles sont exposées au virus qui le cause. C’est ce qu’on appelle ‘’un cas de percée vaccinale’’ (vaccine breakthrough), définie comme une infection ≥ 14 jours après avoir terminé l’immunisation complète vaccinale.» Selon l’Inserm, il est donc théoriquement possible qu’une personne soit vaccinée relativement peu de temps après avoir été infectée par le virus sans le savoir, pendant la période d’incubation. «Dans ce cas, il se peut qu’elle ne manifeste des signes cliniques de la maladie et qu’elle ne soit testée positive qu’après avoir reçu sa dose de vaccin. Les vaccins ne peuvent en revanche pas entraîner de Pcr positive, mais ils permettent d’activer le système immunitaire et de faire produire des anticorps dirigés contre le virus. Un test sérologique peut donc revenir positif suite à la vaccination», conclut l’Inserm, qui donne l’exemple des Etats-Unis où les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont identifié 7,157 cas positifs chez plus de 87 millions de personnes entièrement vaccinées, soit un taux de positivé de 0,0082%.
Dès le début des essais cliniques sur la vaccination, l’Organisation mondiale de la santé (Oms) estimait que le principal enjeu est de savoir combien de «temps ils (les vaccins) nous protégeront contre la maladie et/ou l’infection. Comme il se peut que les essais cliniques ne suivent l’évolution des résultats de l’efficacité vaccinale des participants que sur quelques mois, il faudra probablement effectuer des évaluations post-homologation de l’Ev pour pouvoir évaluer la durée de protection desdits vaccins».
Aujourd’hui, la personne vaccinée doit prendre en compte le temps nécessaire pour développer une protection, estime l’Inserm. «Les vaccins contre le Covid-19 aujourd’hui sur le marché sont caractérisés par une efficacité très élevée. Si l’on se penche notamment sur les deux vaccins à Arnm, les données des essais cliniques de phase 3 qui étaient disponibles en novembre 2020 faisaient état d’une efficacité de 94% pour protéger les personnes d’une infection symptomatique pour le vaccin Moderna et de 95% pour le vaccin Pfizer», note-t-il. Il enchaîne : «Il est également important de souligner la grande efficacité de ces vaccins pour prévenir les formes graves nécessitant une prise en charge hospitalière : dans les essais cliniques de phase 3 évaluant les vaccins Pfizer, Moderna ou AstraZeneca, il était exceptionnel qu’un patient présente un Covid-19 sévère après les deux doses de vaccin. Malgré la vaccination, un petit pourcentage d’individus peut être infecté par le virus sans présenter de symptômes (forme dite ‘’asymptomatique’’) ou avoir un Covid-19 bénigne.»
Dans le même sillage, il cite les études plus poussées dans des pays où la vaccination a été massive à l’image d’Israël et du Royaume-Uni où la vaccination a permis également de protéger contre les infections asymptomatiques, avec une efficacité variable entre les études, mais généralement entre 80 et 95%.
Il faut noter qu’aucun vaccin n’atteint jamais une efficacité de 100%. Par exemple, le vaccin contre la grippe saisonnière prévient environ 60% des infections chez les adultes en bonne santé âgés de 18 à 64 ans et il atteint ce niveau d’efficacité environ 14 jours après la vaccination, insiste l’Inserm. Alors que la vaccination Bcg présente une efficacité de 75 à 85% pour éviter de développer l’infection et prévenir les formes graves de la tuberculose chez les jeunes enfants.
bsakho@lequotidien.sn