Peut-on encore croire que la pandémie de coronavirus est maîtrisée au Sénégal, comme l’avait affirmé le ministre de la Santé ? En tout cas, les chiffres donnés par les autorités sanitaires et montrant l’augmentation des cas graves et communautaires sont inquiétants. Inquiétants d’autant qu’on assiste de plus en plus à la baisse du nombre de tests.
Le Covid-19 a fini de s’installer au Sénégal comme l’atteste la hausse du nombre de cas communautaires. Le ministre de la Santé et de l’action sociale avait fait savoir que la pandémie était maîtrisée, mais les chiffres du mois de juin et juillet montrent le contraire avec au moins 1 300 personnes infectées à travers ce mode de contamination. Alors qu’au mois de juin, il a été constaté une augmentation du nombre de cas graves et de décès, cette tendance est en train de se poursuivre. En dehors du nombre de morts et de patients admis en réanimation, il est aussi noté l’augmentation des cas communautaires. Au mois de juin également, c’était le même constat. Seulement, on était à un maximum de trente cas communautaires en une journée. Mais depuis le début de ce mois, la courbe de cette transmission communautaire est ascendante. A l’exception de quelques jours où il est noté un peu plus d’une dizaine, le nombre d’infections communautaires varie entre vingt et trente. Ces dernières 48 heures, la barre de 40 cas communautaires a été dépassée. Avec 49 cas le 18 juillet et 45 dénombrés hier, est-il encore possible de croire que la pandémie est maîtrisée ? Cette montée en flèche de la courbe des contaminations est-elle aussi liée au contexte de la Tabaski, marqué par le relâchement dans l’observation des gestes barrières ?
Pour l’instant, il n’y a plus aucun indicateur pour jauger la situation, car dans la nouvelle stratégie du ministère de la Santé, ce sont seulement les cas symptomatiques qui sont testés. Autre chose à relever, c’est que le nombre de tests a diminué. Au moment où le test massif est fortement recommandé dans la lutte contre le coronavirus dans le monde, au Sénégal les chiffres du jour montrent une baisse du nombre de tests. Cette situation est compréhensible d’autant plus que ce sont juste les personnes présentant des symptômes qui sont prélevées. Une stratégie difficile à comprendre d’autant plus que dans une interview accordée au journal L’Observateur, Pr Moussa Seydi faisait savoir que «les personnes asymptomatiques ne projettent pas le virus sur une longue distance parce qu’elles ne toussent pas et n’éternuent pas, même si elles peuvent avoir une charge virale très élevée comme nous l’avons d’ailleurs constaté à Dakar». Il ajoutait que «les asymptomatiques transmettent surtout la maladie aux personnes qui n’ont pas une bonne hygiène des mains, c’est-à-dire que ne se lavent pas les mains quand il le faut et peut-être secondairement à celles qui ne respectent pas la distanciation et/ou le port de masque. La personne asymptomatique peut-être contagieuse pendant 14 jours». Peut-être que c’est ce qui explique la flambée des cas communautaires ces derniers temps. Toutefois, il faut préciser que lors du point mensuel du mois de juillet sur la situation de la pandémie, l’administrateur de l’Institut Pasteur avait annoncé «la mise en place de tests de diagnostic rapide pour le Covid-19». Il faut espérer que la mise en place de cette stratégie nous édifie sur la transmission communautaire de cette pandémie qui est en train de perdurer.