Crimes sexuels : Les victimes de R. Kelly racontent

Durant le procès devant le tribunal fédéral de Brooklyn, neuf femmes et deux hommes ont déclaré à la barre que R. Kelly avait abusé d’eux sexuellement, décrivant des viols, des prises de drogues forcées, des situations d’emprisonnement ou encore des faits de pédopornographie.
Après 21 jours de témoignages souvent accablants et trois jours de délibérés, les jurés du procès de R. Kelly ont tranché. Le chanteur est reconnu coupable d’une série de crimes sexuels, dont celui d’avoir dirigé pendant des années un « système » d’exploitation sexuelle de jeunes femmes, dont des mineures. Durant le procès devant le tribunal fédéral de Brooklyn, neuf femmes et deux hommes ont déclaré à la barre que R. Kelly avait abusé d’eux sexuellement, décrivant des viols, des prises de drogues forcées, des situations d’emprisonnement ou encore des faits de pédopornographie. Le chanteur de 54 ans, connu pour son tube I Believe I Can Fly, était notamment jugé pour extorsion, exploitation sexuelle de mineur, enlèvement, corruption et travail forcé, sur une période allant de 1994 à 2018. L’artiste, né Robert Sylvester Kelly, était accusé d’avoir perpétré ces crimes en toute impunité, profitant de sa notoriété. R. Kelly, star du R&B des années 90, a toujours nié les faits. Il risque la prison à vie. Cette affaire est vue comme un moment majeur du mouvement #MeToo : c’est la première fois que la majorité des plaignantes sont des femmes noires.
Piégées
Nombre des victimes présumées ont raconté avoir rencontré la star lors de concerts, durant lesquels elles s’étaient vu confier un petit morceau de papier avec les coordonnées du chanteur par son entourage. Le chanteur, influent, pourrait faire quelque chose pour leur carrière musicale, leur promettait-on. À la place, toutes se sont fait « endoctriner » dans le sombre monde de R. Kelly, assurent les procureurs, contraintes à des rapports sexuels avec le chanteur et maintenues dans ce système par des « mesures coercitives ». Six femmes sont au centre de l’affaire. Parmi elles, Sonja, qui a confié s’être rendue depuis l’Etat américain de l’Utah jusqu’au studio de R. Kelly à Chicago, pensant qu’il accorderait une interview à l’émission de radio pour laquelle elle effectuait un stage. A la place, elle a déclaré s’être retrouvée piégée par ses associés dans une pièce sans fenêtre pendant des jours, avant qu’on ne lui donne à boire et de la nourriture l’ayant fait s’endormir. Elle a dit s’être réveillée sans sous-vêtements, en voyant R. Kelly remettre son pantalon. Une autre femme a déclaré qu’il l’avait forcée à avorter, étant tombée enceinte de lui mineure. Quatre femmes ont affirmé qu’il leur avait transmis un herpès, sans les avoir averties être atteint de cette maladie. « Ce n’est pas un génie. C’est un criminel. C’est un prédateur », a affirmé la procureure adjointe Nadia Shihata aux jurés.
Le Parisien