Plus de deux mois après le début de la crise au Togo, les bonnes volontés ont bien du mal à mettre en place une médiation. Plusieurs chefs d’Etat de la sous-région prennent leur téléphone ou se rendent à Lomé. Paris, de son côté, se dit «préoccupée».
Ils proposent leurs bons offices, mais pour l’instant les chefs d’Etat africains font choux blanc. Patrice Talon s’est entretenu par deux fois avec le Président togolais Faure Gnassingbé. Le Béninois n’a par contre pas rencontré les leaders de l’opposition, comme Tikpi Atchadam ou Jean Pierre Fabre.
Le Président ivoirien Alassane Ouattara, le 6 octobre, était à Accra pour discuter de la mise sur pied d’une médiation conjointe ivoiro-ghanéenne. Le Ghana s’inquiète d’un basculement du Togo, d’un chaos avec son flux de réfugiés togolais qui franchiraient la frontière. Plusieurs centaines de Togolais sont déjà arrivés dans le district de Chereponi, dans le nord-est du Ghana. Le président de l’Union africaine, Alpha Condé, avait lui dépêché en début de semaine un avion qui devait amener à Conakry notamment Jean-Pierre Fabre et Tikpi Atchadam, mais l’initiative a capoté.
Le ministre ivoirien de la Défense attendu à Lomé
Le ministre ivoirien de la défense, Hamed Bakayoko, est attendu ce vendredi 20 octobre à Lomé. Il est porteur d’un message du Président Alassane Ouattara à l’attention de Faure Gnassingbé. Une rencontre avec l’opposition, assure-t-on, n’est pas au programme.
Par ailleurs, des appels en direction de Paris se font maintenant entendre à Lomé. Ainsi, le Pnp de Atchadam demande une intervention de Emmanuel Macron, car côté opposition, on préfère en fait la médiation de Paris plutôt que celle d’Abidjan, d’Accra ou de Cotonou. «Des chefs d’Etat en prise eux-mêmes avec leurs oppositions ne nous mettent pas en confiance», a affirmé un partisan de Jean-Pierre Fabre.
Le Quai d’Orsay se dit «préoccupé»
Pour l’instant, seul le Quai d’Orsay a réagi dans un communiqué pour dire que «la France suit avec préoccupation la situation au Togo», qu’elle condamne «fermement les violences récentes qui ont fait plusieurs victimes» et qu’elle appelle «les parties à l’apaisement et à entamer un dialogue».
Emmanuel Macron, assure-t-on, ne veut surtout pas donner l’impression de s’ingérer dans les affaires togolaises et il a retenu la gestion «hésitante de la crise burkinabè de 2014 par François Hollande». Une gestion qui s’était terminée par l’exfiltration de Blaise Compaoré.
Le vœu, très fort, de Paris, c’est que la crise togolaise soit bouclée au plus vite, en tout cas avant le sommet Ua-Ue d’Abidjan des 29 et 30 novembre prochains. Que Lomé, en quelques sortes, ne vienne pas parasiter ce sommet jugé important par l’Elysée et Bruxelles !
Rfi