Le Professeur Moustapha Kassé pense que la crise multidimensionnelle affecte l’ensemble de la mondialisation. Selon lui, c’est aux Africains de jouer un rôle d’alerte pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent et qui demeurent sans solution. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse hier, en prélude au symposium international prévu du 18 au 20 décembre 2019 à Dakar.
«La crise affecte aujourd’hui l’ensemble de la mondialisation. Cette dernière qui nous est présentée souvent comme un système n’ayant que des bénéfices semble virer à la tourmente et à l’inquiétude pour beaucoup d’Etats et même pour des milliards d’individus.» De par ces mots, le Professeur Moustapha Kassé a essayé de répondre à la thématique «La crise multidimensionnelle du système mondial multipolaire : Les réponses des pays du Sud». Poursuivant son argumentaire, l’économiste a soutenu que cette situation amène à poser les questions suivantes : Est-ce que ce sont les théories qui sont imposées et qu’on applique qui sont impertinentes ou c’est une erreur de diagnostic etc. ?
Pour lui, les recettes traditionnelles appliquées au Nord comme au Sud ne fonctionnent plus. En attestent le développement du chômage, de la précarité, de la pauvreté ainsi que l’amplification des inégalités des revenus. Globalement, argue-t-il davantage, «l’Afrique demeure une économie de rente où le processus d’accumulation productive n’est réellement pas enclenché avec la majorité des sociétés dominées par le capital marchand».
Président du comité scientifique du symposium qu’organise le Forum du tiers-monde (Ftm) les 18, 19 et 20 décembre sur ladite thématique, le Professeur Kassé propose : «Il faut penser par nous-mêmes avec nos propres têtes pour trouver nos propres solutions.»
En conférence de presse hier, le Forum du tiers-monde a informé qu’un hommage sera rendu à l’économiste franco-égyptien Samir Amin, décédé le 12 août 2018, à travers le symposium. Lequel sera aussi un prétexte pour les acteurs de se réinterroger sur l’avenir et le devenir de l’Afrique «pour qu’au moins nous puissions jouer un rôle d’alerte sur les problèmes qui se posent et qui demeurent sans solution», a appuyé l’universitaire.
Durant ces 3 jours de débat, de discussion, l’occasion sera saisie pour exposer tous les ouvrages non seulement de Samir, mais aussi ceux de ses collègues africains. «Le symposium va se tenir probablement à l’Ucad d’abord pour montrer que nous impliquons l’Université de Dakar, mais également pour une proximité avec les étudiants même si on va être en début de vacances de Noël», a expliqué Chérif Salif Sy, président du Forum du tiers-monde. Qui revient sur le pourquoi de ce symposium au Sénégal. «Samir vivait ici depuis 54 ans. Il avait choisi de réfléchir et d’agir depuis l’Afrique. Il était de mère française et de père égyptien, mais il a choisi de venir en Afrique. C’est quelqu’un qui a donné sa vie pour l’Afrique, qui avait choisi de s’installer en terre africaine, particulièrement au Sénégal», a ajouté M. Sy.
Plus de 300 à 400 intellectuels, chercheurs et personnalités de la société civile sont attendus à Dakar.
mfkebe@lequotidien.sn