Crise socioculturelle et politique au Sénégal

Aujourd’hui, nous Sénégalais sommes confrontés à une crise sociale qui fait qu’au sein de la jeunesse, la haine et le mépris l’emportent sur la tolérance et le respect. Une jeunesse forte en action, mais laissée en rade par les politiques de développement sur les véritables besoins dont elle devrait être nourrie. Elle n’est malheureusement utilisée que pour servir à des fins de propagande. Cette jeunesse fait montre d’une colère mal comprise. En réalité, cette jeunesse sénégalaise s’est radicalisée au vu de l’absence d’une conscience civique et du manque de valeurs culturelles et morales qui font qu’elle puisse reconnaître ce qu’il faut attaquer de ce qu’il faut protéger. Elle s’est radicalisée à cause de l’avis accusateur des aînés à leur égard. Désormais, un conflit de générations s’est installé, mettant en scène des personnages qui ne considèrent pas les opinions de leur vis-à-vis.
Cette jeunesse a aussi le devoir de reconnaître son manque d’expérience qui devrait la pousser à la retenue, à l’humilité et au respect des personnes plus expérimentées. Platon avait prédit que la vraie tyrannie adviendra lorsque les jeunes n’obéissent plus à leurs aînés. La faute des aînés, c’est leur comportement irrationnel et hypocrite en face d’une jeunesse fougueuse et cherchant son devenir. En effet, toute énergie ou force doit être analysée, encadrée, accompagnée pour éviter qu’elle dérive maladroitement.
Cette jeunesse innocente est orpheline de parents légitimes qui leur montrent l’exemple avec une attitude adéquate à tenir face à une situation de crise. Elle a besoin d’être écoutée et comprise, mais aussi d’apprendre à écouter et à comprendre. Il faudra revoir le système d’incarcération brutale qui ne fait qu’empirer la radicalisation juvénile. Revoir le modèle de punition en trouvant des alternatives avec des travaux d’intérêt général. Il faudra surtout développer des politiques d’inclusion qui donneront une place à cette jeunesse dans la marche des affaires politiques.
La formation des jeunes doit être au cœur des préoccupations politiques. Les discours accusateurs des aînés doivent être remplacés par des accompagnements et des encadrements. Pour pallier cette question de crise sociale de la jeunesse, il faudra développer des centres de rééducation, de développement personnel. Il faudra réunifier ce Peuple disloqué par des considérations d’appartenance à telle ou telle classe sociale.
Vive le Sénégal : Un Peuple – Un But – Une Foi.
Amadou Lamine KEBE
Animateur culturel et Auditeur au Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité