Critiques contre El Malick et Sonko : L’opposition motive son boycott du Pm

L’opposition parlementaire n’est pas disposée à laisser la majorité continuer à lire le Règlement intérieur selon son bon vouloir. Elle l’a expliqué lors d’un point de presse hier. Au banc des accusés, El Malick Ndiaye qui agit comme «un surveillant de camp» et le Premier ministre qui abreuve «d’injures» certains députés.
Par Malick GAYE –
«Des violations répétées et délibérées du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale par la majorité sous l’impulsion du président de l’institution.» Voilà la première raison que le député non inscrit Thierno Alassane Sall a donnée pour expliquer le boycott de la séance de Questions au gouvernement qui devait se tenir aujourd’hui, mais qui est reportée au lundi 14 avril prochain à cause du rappel à Dieu du Khalife général des Layènes. Pour Thierno Alassane Sall, El Malick Ndiaye, le président de l’Assemblée nationale, agit «comme un surveillant de camp». Et le «Bureau de l’Assemblée nationale viole la loi portant sur la parité. Que l’Assemblée nationale viole ouvertement les lois qu’elle vote est d’autant plus scandaleux que des conseils municipaux ont été contraints par la Cour suprême à se conformer à la dite loi, après une première composition ne respectant pas la parité stricte», a affirmé Thierno Alassane Sall. Qui a donné comme exemple ce fait : «Il ne s’est pas privé, lors d’une séance, d’accepter pour un député de la majorité ce qu’il venait de refuser à un député de l’opposition, c’est-à-dire l’appel au règlement. Cela participe de la culture du «Matay» (je m’en fous en wolof).» Le député non inscrit dit ne pas recevoir une notification lui détaillant en quoi sa proposition de loi aurait une incidence financière.
Ainsi, forte de ce constat, l’opposition parlementaire demande «au président de l’Assemblée nationale de se ressaisir pendant qu’il est encore temps, de se débarrasser de ses avis de militant communicant et d’être à la hauteur de la dignité de son rang pour incarner celui-là même qu’il doit être : Un président élu par ses collègues et respectueux de tous, pour en retour mériter le respect qu’il sera alors en droit d’attendre de tous ses collègues».
Revenant sur les raisons du boycott, l’opposition parlementaire a dénoncé «une soumission encore plus grande à l’Exécutif qui s’est illustrée par les sessions de Questions d’actualité». A en croire Thierno Alassane Sall, l’attitude du Premier ministre n’est pas pour un échange d’idées. «Les passages du Premier ministre, loin d’être de grands moments d’échange d’idées contre idées, se transforment en des joutes d’attaques crypto-personnelles, de procès de députés rendus d’autant plus déséquilibrés que la majorité aménage à l’Exécutif un temps de parole double de celui des députés et supprime pour ces derniers le deuxième double de parole traditionnelle», a dit Thierno Alassane Sall. Qui ne peut comprendre la suppression du deuxième temps de parole lors de la séance de Questions d’actualité. «Le Premier ministre se retrouve avec huit minutes. Vous avez constaté que la dernière fois, les députés qui avaient fait une intervention avaient droit à quatre minutes sur le deuxième tour. Ça, ça rompt fondamentalement le principe de l’équilibre des pouvoirs et, en plus, surtout la fonction de contrôle de l’action de l’Exécutif à laquelle cette séance est consacrée. Ce qui permet au Premier ministre de dérouler en roue libre, assuré qu’il est que la réplique ne viendra pas derrière. Cela constitue non seulement un recul par rapport à la tradition de l’Assemblée nationale, mais une atteinte délibérée à l’équilibre des pouvoirs», a-t-il détaillé. Le député non inscrit a fustigé le souhait du Premier ministre de venir quand bon lui semble à l’Assemblée, alors qu’il doit y être chaque mois. «Lorsque le Premier ministre fixe sa date et selon son propre bon vouloir, c’est pour se livrer à un exercice qui relève beaucoup plus d’un meeting politique que d’une séance normale et républicaine de réponses à des questions sur lesquelles il est attendu par le Peuple. En effet, les députés constatent avec amertume que le Premier ministre ne vient à l’Assemblée nationale que selon sa propre actualité : sortie du rapport de la Cour des comptes en février et vote de la loi dite interprétative en avril. De surcroît, en lieu et place des réponses attendues, le Premier ministre se livre à une véritable séance d’invectives, d’injures et de menaces des députés sans que ces derniers n’aient la possibilité de lui répondre, puisque la réglementation ne leur donne plus droit à la parole après leurs questions», a affirmé Thierno Alassane Sall.
Aïssata Tall Sall a affirmé que ce boycott n’est qu’un avertissement. L’opposition parlementaire entend continuer à faire son travail par respect aux Sénégalais.
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