Crue du fleuve Sénégal : L’Omvs ouvre les vannes de Manantali

Le fleuve Sénégal poursuit sa montée inquiétante. Hier, dimanche, à l’échelle de Podor logée au Quai El Hadj Boubou Sall, le niveau de l’eau a atteint 5, 01 mètres à 8 heures du matin, franchissant la cote d’alerte fixée à 5 mètres depuis samedi à 18 heures. «La tendance est à la hausse de 2 centimètres entre samedi et dimanche», précise le relevé. Pour rappel, à la même période l’année dernière, le plan d’eau plafonnait à 4, 73 mètres.Par Ousmane SOW –
Les lâchers d’eau du barrage de Manantali ont été annoncés ce week-end. «La cote d’alerte de 5 mètres pour Podor est dépassée depuis hier (samedi) à 18 heures. Les lâchers d’eau du réservoir de Manantali sont attendus ce week-end. Restons vigilants et mobilisés !», alertent les services du ministère de l’Hydraulique et de l’assainissement. Selon la note concernant la situation hydrologique du fleuve Sénégal, «la tendance est à la hausse de 2 centimètres entre samedi et aujourd’hui (hier). L’année dernière à la même période, le plan d’eau était à 4, 73 mètres».
Le bassin de Keur Kabb sous pression
L’Etat a mis en place un dispositif d’intervention d’envergure pour faire face aux inondations qui affectent la ville de Touba et plusieurs localités environnantes dans la région de Diourbel, où des pluies exceptionnelles continuent de mettre à rude épreuve les ouvrages hydrauliques. En tournée à Bignona et Ziguinchor, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, Dr Cheikh Tidiane Dièye, s’est exprimé sur le débordement du bassin de Keur Kabb, ouvrage crucial pour la régulation des eaux pluviales refoulées depuis Touba. «Débordement maîtrisé après une matinée difficile», indique le bulletin intervention du 13 septembre. Le bassin de Keur Kabb a en effet reçu un volume exceptionnel d’eau, conséquence de la mise hors service récente des bassins de Pofdy et Darou Rahman. «Le volume acheminé vers ce site est exceptionnel cette année, en raison de la succession de fortes pluies. De plus, la mise hors service, entre fin août et début septembre, des bassins de Pofdy et Darou Rahman a accentué la pression sur Keur Kabb, qui est devenu le principal exutoire des eaux de la zone», a ajouté le document. Pour prévenir les risques d’inondations, des tranchées avaient été ouvertes depuis août dans les zones périphériques non aménagées. Mais l’écoulement a provoqué «un ravinement important jusqu’aux abords de Darou Rahman, rendant la route temporairement impraticable». Trois équipes, un chargeur Poclain et six camions-bennes ont dû être mobilisés pour dresser une digue provisoire. «Le transfert des eaux de Nguélémou vers Keur Kabb a été suspendu, ce qui a permis d’interrompre l’écoulement extérieur. Suite à la sortie des eaux du fait de l’incident, le bassin de Keur Kabb dispose d’assez d’espace pour recevoir de l’eau jusqu’à la fin de l’hivernage», précisent les techniciens. Selon les estimations, Keur Kabb a déjà reçu plus de 2, 7 millions de m³ d’eaux pluviales depuis le début de la saison, alors que sa capacité initiale n’était que d’1 million. «Un marché a d’ores et déjà été attribué pour augmenter de 4 hectares la capacité de stockage du bassin, portant sa superficie totale à 8 hectares», rassurent les services techniques.
Manantali enclenche le laminage des crues
En amont, la situation est tout aussi tendue. Dans une lettre datée du 11 septembre 2025 et adressée au Directeur général de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (Sogem) à Bamako, Moussa Diagne, Directeur général de la Société d’exploitation de Manantali et de Félou (Semaf), alerte sur les débits exceptionnels enregistrés à la station de Dakka-Saidou, en amont du barrage. «Nous avons commencé l’augmentation graduelle de la production de Manantali le 8 septembre 2025 à 00h 00», écrit-il. A ce jour, le niveau de la retenue est monté à 207, 26 m Ign et devrait atteindre 208 m Ign dans les prochains jours. «La procédure de laminage des crues sera enclenchée dès que le niveau 208, 05 m Ign sera atteint», souligne le responsable de Semaf-Omvs. D’après la note, la sécurité de l’ouvrage impose des lâchers d’eau coordonnés. «Les lâchers d’eau à travers le barrage se feront en fonction du niveau atteint dans la retenue, et dureront autant que la cote maximale normale sera atteinte ou dépassée», avertit le directeur de la Semaf, Moussa Diagne. Parallèlement, la centrale hydroélectrique de Manantali continuera de tourner à la puissance maximale disponible, soit 120 Mw actuellement, malgré l’indisponibilité des groupes G1 et G5. Moussa Diagne appelle à la vigilance et à la coordination. «Nous attirons votre attention afin que l’information soit partagée et que les dispositions soient prises par les autorités de l’Omvs pour la gestion de cette crue, notamment l’alerte aux autorités de la protection civile et aux populations des zones riveraines du fleuve Sénégal», écrit-il à l’attention de Mohamed Mahmoud Sid’elemine, Directeur général de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (Sogem).
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