Ils sont médecins, infirmiers, hygiénistes, laborantins et technicien de surface sans prime de motivation depuis presque 5 mois. En sit-in hier, devant les locaux du Centre de traitement des épidémies (Cte) de Thiès, où ils travaillent, ces agents de santé dénoncent «la maltraitance» dont ils font l’objet de la part de l’Etat. Les manifestants sollicitent le paiement de leurs primes dans les meilleurs délais.Par Ndèye Fatou NIANG (Correspondante) –

«Payez nous» ! C’est le cri du cœur lancé hier par les 75 agents de santé qui travaillent au Centre de traitement des épidémies (Cte) de l’hôpital régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès. En sit-in hier, devant les locaux dudit Cte, ces agents de santé ont hurlé leur désespoir face à une telle situation «pire qu’une pandémie» et qui pèse sur des pères et mères de famille du fait du non-paiement de leurs primes de risque ou de motivation du Covid-19 depuis 5 mois. Le porte-parole du Collectif des agents du Cte de Thiès, Pape Mor Ndiaye, au cours de cette journée de mobilisation, se désole : «Nous sommes restés 5 mois sans salaire en côtoyant la mort. Beaucoup d’entre nous ont chopé le virus deux fois jusqu’à même infecté leur famille. Ça c’est de la maltraitance», assène le Secrétaire général régional du Sutsas. Le syndicaliste regrette que pendant ce temps, «l‘Etat se contente de sortir à travers la presse pour dire que les agents de santé sont de vaillants soldats. Mais ça ne suffit pas. Il faut qu’il paye les agents de santé. Parce que depuis 5 mois, après la première vague, il n’y a plus de motivation. Et parmi nous il y a des gens qui ne sont ni engagés par l’hôpital ni par l’Etat, ils comptent sur ces primes». Une situation qui contraste avec les inaugurations en grande pompe d’infrastructures sanitaires à travers le pays, aux yeux de Pape Mor Ndiaye qui indique : «C‘est bon d’élever le plateau technique, de sillonner le pays pour ouvrir des hôpitaux mais avant il faut d’abord régler la situation des travailleurs des Cte.» Il s’offusque surtout «des bilans qui se font quand la tendance baisse entre deux vagues pour dire que «la pandémie est finie et on a gagné». Mais on n’a pas gagné parce que derrière, il y a des agents qui se sont sacrifiés avec peu de matériels et des conditions limites mais également en sous-effectif et qui n’ont jamais été payés convenablement». Et de signaler : «On ne réclame pas des récompenses encore moins des médailles mais simplement notre dû. Quelqu’un qui travaille jusqu’à la fin du mois doit être payé. Cinq mois quand même on a été pa­tients.»
A la question de savoir s’ils ont alerté les autorités de l’Hôpital régional, il dit : «Nous avons eu beaucoup d’entretiens et elles ont fait ce qu’elles pouvaient faire. C’est la direction des Etablissements publics de santé (Eps) qui doit régler la situation.» Et de penser que «l’Etat dispose d’assez de moyens pour régler la situation». Ce d’autant que quand «les gens sont sortis pour faire des manifestations lors de inondations, quelques minutes après l’Etat a mis 15 milliards de francs Cfa sur la table. Pendant ce temps, nous autres qui mettons notre vie en péril, parce que nous aimons notre pays, nous ne pouvons pas être payés. Nous ne méritons pas cela. Les gens se sont sacrifiés énormément. Et cela ne peut plus continuer.»
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