Le fait est assez inhabituel pour être souligné. Le remaniement ministériel d’hier n’a pas touché le ministre de la Culture et de la communication Abdoulaye Diop qui conserve son poste. Aussi bien Macky Sall que Abdoulaye Wade avaient habitués à plus d’instabilité dans ce secteur.
Une fois n’est pas coutume, un remaniement ministériel est passé en laissant en place le ministre de la Culture et de la communication. La chose est assez rare pour être soulignée dans ce secteur qui a acquis la réputation d’être le département ministériel le plus instable du gouvernement sénégalais. Un coup d’œil dans le rétroviseur permet de voir que cette instabilité du département de la Culture a connu son apogée sous le régime du Président Wade. En 12 ans, Me Wade avait usé pas moins d’une dizaine de ministres. Son successeur Macky Sall sera moins gourmand en ministres, mais il prendra le même chemin que son prédécesseur. En 8 ans de pouvoir, il en est à son 5e ministre de la Culture. Une valse des titulaires au poste qui a fini d’installer l’instabilité à la tête de ce ministère. Résultat, à peine un ministre est-il installé que commence le ballet habituel de visites aux différents services suivies d’innombrables séminaires de réflexion pour l’élaboration de documents stratégiques qui, au bout de quelques mois, se retrouvent au fond des tiroirs, le titulaire du département ayant été victime du sabre présidentiel.
Pourtant, l’histoire commence toujours très bien avec beaucoup d’espoir. Mais très vite ce chassé-croisé, dicté par des aléas plus politiques que technocratiques, soulève des questions et des doutes. Cette fois-ci, Abdoulaye Diop reste à son poste et cela ne manque pas de faire réagir certains. «Les acteurs de l’industrie musicale saluent la décision de M. Macky Sall pour la reconduction du ministre Abdoulaye Diop à la tête du département de la Culture et de la communication. Les défis et les enjeux sont importants. Cependant monsieur Abdoulaye Diop a fait montre d’une bonne démarche inclusive et d’un pragmatisme qui, nous pensons, pourront nous faire rattraper le temps perdu», réagit Zeynoul Sow, président des Acteurs de l’industrie musicale (Aim). Mais un fait demeure, les chantiers de la culture sont nombreux et Abdoulaye Diop est attendu surtout sur la relance de ce secteur qui se relève très doucement de près de 7 mois de fermeture des salles de spectacle et d’interdiction des rassemblements. Et comme on l’a vu, les fonds mis à la disposition des acteurs culturels n’auront pas été d’une grande aide, vu leur modicité. L’adoption du statut de l’artiste et sa mise en œuvre effective, l’audit de la Sodav, la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel sont autant de chantiers qui attendent d’être pris en charge.