Au cœur de la commune de Bélé, dans le département de Kidira, se trouve le poste de santé de Daharatou, également connu sous le nom de Wouro Thierno. C’est là que Adama Ndoye Mabel Guissé, un infirmier chef de poste dévoué, se bat quotidiennement pour la santé d’une communauté de 7021 habitants.

Le poste de santé de Daharatou joue un rôle crucial en tant que point d’accès essentiel aux soins pour les populations rurales, y compris les communautés nomades. Sa mission principale, c’est de fournir des soins de santé vitaux, avec un accent particulier sur la santé maternelle et infantile. Adama Ndoye Mabel Guissé et une sage-femme, tous deux contractuels pour le moment, sont les piliers de cette structure, luttant contre des problèmes de santé publique majeurs tels que l’anémie chez les femmes enceintes et la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans.

Des indicateurs encourageants, malgré les obstacles
Malgré un manque de ressources criant, l’équipe du poste de santé de Daharatou obtient des résultats remarquables. Le taux d’utilisation des services de consultation prénatale (Cpn) est passé de 86% en 2024 à 88% au premier semestre 2025. Le pourcentage d’accouchements assistés par un personnel qualifié reste élevé, atteignant 91% en 2024 et 84% au premier semestre de cette année. Ces chiffres témoignent de la confiance que la communauté accorde au personnel soignant. Cependant, les défis sont nombreux. La structure se trouve à 25 kilomètres du centre de santé le plus proche, et le seul moyen de transport disponible est un tricycle en mauvais état, rendant les évacuations d’urgence extrêmement difficiles. De plus, l’équipe soignante est limitée : un infirmier assistant fonctionnaire et une sage-femme contractuelle. Le manque de personnel, notamment une doublure pour la sage-femme, met une pression immense sur l’équipe en place.

Un appel à l’aide pour un avenir plus sain
Face à ces difficultés, Adama Ndoye Mabel Guissé lance un vibrant plaidoyer. Il sollicite l’aide de l’Etat et des partenaires techniques et financiers pour obtenir les ressources essentielles à la bonne marche de son poste de santé. Les besoins sont clairs et urgents. «Une ambulance médicalisée pour permettre un transport sûr et rapide des patients. L’achèvement des travaux de la maternité et le lancement de la construction d’’un logement pour l’infirmier. La dotation en matériel médical et bureautique nécessaire au bon fonctionnement des services. Le recrutement d’une deuxième sage-femme et la formation de l’actuelle en échographie, avec la dotation d’un appareil. La construction d’une case de santé pour étendre la couverture des soins», énumére l’infirmier chef de poste.

Le dévouement et la persévérance du personnel du poste de santé de Daharatou sont indéniables. Leurs efforts se reflètent dans les indicateurs de santé qui, malgré tout, s’améliorent. Mais pour continuer à progresser et à garantir la santé de la population, ils ont besoin d’un soutien solide et concret. L’avenir sanitaire de Daharatou dépend aujourd’hui de la réponse qui sera donnée à cet appel.

Le district sanitaire de Kidira face à de nombreux défis
Le district sanitaire de Kidira, sous la direction du Dr Saliou Gning, a dressé un bilan complet de sa situation lors de la caravane de la presse organisée par la Dsme, en partenariat avec l’Ajspd, dans le cadre du projet «Buffet». Le médecin chef de district est revenu sur les progrès réalisés et les défis persistants en matière de santé. Le district, qui couvre une vaste superficie de 5922 km² et une population de 89 528 habitants (dont 73% en zone rurale), est confronté à des contraintes importantes en termes de ressources humaines, d’infrastructures et de logistique.

Une pénurie criante de personnel et des difficultés d’accès
L’une des principales préoccupations est le manque de personnel qualifié, en particulier de sages-femmes. Sur les 25 postes de santé du district, 10 n’ont pas de sage-femme, malgré la présence de 20 sages-femmes diplômées d’Etat. Le Dr Gning a souligné l’absence totale de sages-femmes fonctionnaires et a lancé un appel pour que le gouvernement les recrute dans la Fonction publique. La majorité du personnel, y compris les médecins, les infirmiers et les sages-femmes, est employée sous contrat, souvent par le ministère de la Santé ou des comités de développement sanitaire. Le district compte un centre de santé de référence à Kidira, complété par 25 postes de santé. Cependant, la répartition et l’état des infrastructures ne sont pas toujours optimaux. Le district est également confronté à des problèmes d’accessibilité, en particulier pendant la saison des pluies. Le Dr Gning a illustré ces difficultés en expliquant que les prestataires de santé de l’arrondissement de Kéniaba doivent parfois utiliser des pirogues pour évacuer les patients vers le centre de santé, faute de routes praticables.

Des indicateurs de santé qui s’améliorent, mais des écarts persistants
Malgré ces difficultés, le district de Kidira a enregistré des améliorations notables dans plusieurs indicateurs de santé, en particulier entre 2024 et le premier semestre 2025. Dans la Santé maternelle et infantile, le taux d’utilisation des Consulta-tions prénatales (Cpn) a progressé, passant de 60% en 2024 à 82% au premier semestre 2025. Le pourcentage d’accouchements assistés par un personnel qualifié est resté élevé (plus de 96%), et 100% des nouveau-nés ont bénéficié d’un paquet de soins immédiats. Cependant, le taux d’accouchements à domicile reste préoccupant (7% au premier semestre 2025), dépassant l’objectif fixé à 2,5%.

La prise en charge de la Malnutrition aiguë sévère (Mas) sans complications a enregistré un taux de guérison de 98% au premier semestre 2025, bien au-delà de l’objectif de 75%. Le nombre de cas de Mas avec complications a été réduit, passant de 40 en 2024 à seulement 3 au premier semestre 2025, un signe de l’efficacité de la prise en charge précoce des cas.

Appui de l’Etat et des partenaires : des lueurs d’espoir
Le Dr Gning a salué l’appui de l’Etat et de ses partenaires, qui a permis d’acquérir de l’équipe-ment essentiel, comme des ambulances, des appareils d’échographie et des concentrateurs d’oxygène. Ces dotations ont été cruciales pour améliorer la prise en charge des patients. Il a également mis en avant la formation des sages-femmes en échographie, une initiative qui a déjà permis à une sage-femme de Sadatou d’offrir ce service.

Cependant, les besoins demeurent importants. Le Dr Gning a formulé plusieurs plaidoyers : «Recruter des sages-femmes et des infirmiers dans la Fonction publique pour renforcer le personnel, doter chaque commune d’au moins une ambulance médicalisée et d’un appareil d’échographie. Réhabiliter les infrastructures existantes et poursuivre les travaux de construction à l’arrêt, notamment à Daharatou», a listé Dr Saliou Gning.