Le report de la 15e Biennale de l’art contemporain africain de Dakar est acté. Par un communiqué de presse, la ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports est enfin sortie de son mutisme. Et c’est pour programmer de nouvelles dates à ce rendez-vous des arts : du 7 novembre au 7 décembre 2024.Par Mame Woury THIOUBOU –
C’est désormais officiel. La 15e Biennale de l’art contemporain africain de Dakar n’aura pas lieu du 16 mai au 16 juin. Après plusieurs atermoiements, les autorités du ministère de la Culture, de la jeunesse et des sports se sont décidées à officialiser un report qui était déjà accepté de fait. Dans un communiqué de presse, Mme Khady Diène Gaye a rendu publiques les nouvelles dates de la Biennale qui se tiendra désormais du 7 novembre au 7 décembre 2024. «Ce report, par-delà les contraintes et les aléas induits par le contexte national et international, tient à la volonté des nouvelles autorités en charge du secteur d’organiser la Biennale dans des conditions optimales, à la hauteur de son envergure et de sa réputation de rendez-vous historique des amateurs d’art du monde», informe la ministre. Dans sa missive, Mme Gaye précise tout de même que «le schéma organisationnel défini autour du thème général «The Wake, l’éveil, le sillage», sous la Direction artistique de Mme Salimata Diop, critique d’art et commissaire d’exposition, de même que la programmation des expositions officielles «In» avec les deux pays mis à l’honneur que sont les Etats-Unis d’Amérique et la République de Cabo Verde, sont maintenus». Le Sénégal, qui réitère son engagement en faveur des arts et de la culture, «marque sa profonde et inaliénable volonté d’offrir une expérience artistique exceptionnelle qui célèbre la créativité, la diversité et le dialogue», assure le communiqué. Ces derniers jours, un message passant de téléphone à téléphone et attribué à la Directrice artistique, indiquait qu’il était impossible d’organiser la Biennale au vu des «insuffisances logistiques» qui font que plusieurs toiles de l’exposition officielle n’avaient pas encore été collectées à quelques jours du démarrage. De quoi susciter des interrogations quant à une disponibilité des fonds nécessaires à l’organisation d’une manifestation de cette envergure.
Désarroi et inquiétudes des artistes
Ces dernières semaines, las d’attendre des informations fiables et face au mutisme des autorités compétentes, plusieurs artistes avaient partagé leur désarroi. Un désarroi lié surtout aux conséquences financières que l’incertitude de la tenue de la Biennale avait causées. Avec ce report, la question reste entière. Des artistes ont acheté des billets d’avion, fait des réservations d’hôtel. D’autres ont démarré des résidences de création et engagé des centaines de millions de francs Cfa parfois. Que deviendront tous ces investissements perdus ? Pourront-ils eux aussi être «reportés». Au-delà, ce report porte un coup grave à la notoriété de cet évènement dont la portée dépasse les frontières du pays. Il est bon aussi de se demander si les nouvelles dates ne vont pas mettre le Dak’art en compétition avec d’autres manifestations d’envergure. Les questions sont nombreuses. Mais une mesure de report, prise de façon courageuse et précoce, aurait pu amoindrir les dégâts. Reporter la Biennale à quelques jours de son lancement en fait ainsi un rendez-vous manqué. D’ailleurs, certains acteurs du secteur créatif avaient déjà pris la décision de tenir coûte que coûte leur Biennale. Le report acté, ces décisions seront-elles maintenues ? Wait and see.
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