DAK’ART – Exposition au pavillon Sénégal : La Biennale ouvre «la Brèche»

Pour sa 13e édition, la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar enregistre une innovation de taille : le pavillon Sénégal qui abrite l’expo intitulée «La brèche». Inaugurée par le président de la République, elle regroupe plus d’une quarantaine d’exposants, nouvelle comme ancienne génération, plasticiens comme artisans. Invités à deviser sur le thème général de la Biennale, «L’heure rouge», ces artistes se disputent l’espace devenu presqu’étroit face à l’imagination débordante.
Au moment où chacun propose sa vision de la thématique générale de la 13e édition du Dak’art, chez Viyé Diba, celle-ci épouse les contours de La brèche. Intitulé de l’expo du pavillon Sénégal dont il assure lui-même le commissariat, La brèche s’ouvre et se referme sur des toiles, des sculptures, des masques, la poterie, le tissage, bref une multitude d’expressions diverses et variées d’artistes et d’artisans locaux. Dans la pile d’artistes, les noms de Awa Séni Camara, Papa Ibra Tall, Soly Cissé retiennent l’attention du fait de leur notoriété. Et encore ceux de Caroline Guèye, Arébénor Bassène (prix Uemoa Biennale 2016), Mbaye Babacar Diouf (médaillé d’argent aux Jeux de la francophonie d’Abidjan 2017) du fait de leurs récentes prouesses. A l’intérieur du pavillon, ce dernier sème justement ses Etoiles humaines sur sa toile, à l’instar du doyen Papa Ibra Tall qui, lui, étale sa tapisserie, Semeuse d’étoiles, distillant ses effluves de couleurs.
Dans ce pavillon étoilé, l’Ong Village de Ndem aménage paisiblement une chambre à coucher, un espace de vie très coloré telle une invite à la détente. Le nouveau-né s’installe dans ce confort, laissant à Madiba (un portrait sur aluminium du plasticien Amary Sobel Diop) le soin d’apprécier le tout. Pour le commissaire de cette expo, Viyé Diba, c’est là tout le caractère exceptionnel de La brèche qui réunit le temps d’une expo des créateurs issus de 8 régions du Sénégal. «Pour nous, il s’agissait d’être dans l’ère de la régionalisation et de la délocalisation des actions culturelles. Dans La brèche, vous retrouverez entre autres l’expérience de Ndem, du groupement des femmes potières de Podor, la présentation du Projet typha du Centre des métiers de bâtiment de Diamniadio qui a expérimenté un nouveau matériel de construction fabriqué à partir de la paille et qui, mélangé avec de la terre, donne un matière de construction très fiable, de gagner en énergie. Il y a aussi le plan d’urbanisation de Touba horizon 2020», liste-t-il.
Au milieu de cette exposition qui se décline en 3 parties essentielles (la spiritualité, le lyrisme, l’éclectisme) s’ouvre un espace de dialogue, de rencontre, mais aussi et surtout de confrontation. La confrontation entre une certaine pratique dite artisanale, celle contemporaine et une autre toute culturelle qui imprime à cette expo une touche splendide et rebelle à la fois. Dans sa démarche artistique, le maître d’expo se surprend à espérer une reconsidération de la problématique de la création. Comme pour se convaincre lui-même et convaincre son public que la création n’est pas une écriture évangélique, bien au contraire c’est une interrogation du vécu. Alors, la brèche s’engouffre dans un sillon d’alerte, tout autant qu’elle reste ouverte sur le thème général de la Biennale, «L’heure rouge» de Aimée Césaire. C’est toujours une question d’Africains, de leur rapport ou de leur contribution à l’art. «Les Africains doivent réinterroger leur situation dans cette Biennale et réinterroger leur possible futur», a conclu M. Diba.
aly@lequotidien.sn