Dak’art OFF 2022 – Oumou Sy, styliste : «La vie a de longues jambes et elle ne tient qu’à un fil»

A l’occasion des manifestations Off de la 14ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art 2022) qui s’ouvre demain, Oumou Sy, costumière, styliste, décoratrice et créatrice de bijou, a présenté ses deux installations à la presse hier, au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Par Ousmane SOW –
Annulée en 2020, la 14ème édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar s’ouvre demain et va se poursuivre jusqu’au 21 juin 2022. Au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, Oumou Sy, native de Podor, dans le Fouta, sur le fleuve Sénégal, connue certes comme styliste intégrant dans ses créations des Cd, des calebasses et autres objets tout aussi déroutants, a étalé encore ses talents dans les espaces du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Puisque «créer, imaginer et inventer», c’est autour de ce triptyque que va se dérouler l’exposition officielle internationale. Oumou Sy s’est inspirée alors de l’arrivée du coronavirus dans le monde pour montrer et partager ce qu’elle a gardé depuis longtemps. «Ce virus a redistribué les cartes, changé la donne et surtout il nous a contraints à vivre d’une nouvelle manière», a signifié la styliste hier, lors d’une conférence de presse. Selon elle, durant cette période, en Afrique, tous les marabouts «armés» de ndaal, qui veut dire canaris, de cornes, de gris-gris, de talismans, d’écorces, d’herbes et de racines essayaient de vaincre cette maladie avec des remèdes. Des totems visibles dans le décor, à travers lesquels la styliste s’appuie sur un style particulier, sa vision artistique de divers phénomènes sociaux qu’elle observe de manière abstraite comme sujet de réflexion. «De Béta à gamma en passant par Omicron, Delta et mu pour ne citer que ceux-là, le coronavirus nous a contraints à fermer les frontières et à vivre en confinement», a-t-elle souligné.
Forte de ce constat, en tant qu’artiste, durant le confinement, elle entame une collection de robes, notamment une de coronavirus, de solution, de confinement et de vaccin. «Deux ans durant lesquels les gens étaient déboussolés, avec une peur présente. Cette première installation, avec ces deux robes, parlent de cette période», a-t-elle fait savoir, tout en soulignant que la deuxième installation est une évolution avec la robe santé qui symbolise l’effort des recherches médicales sur les vaccins et aussi les remèdes. Les fils qui pendent au niveau des installations représentent les fils de la vie parce que, dit-elle, «la vie a de longues jambes et elle ne tient qu’à un fil». De ces deux installations de collections, les femmes sont particulièrement à l’honneur, car il y a des prêtresses sur les différents décors des deux installations. En plus de ces installations, d’autres activités sont prévues dans le cadre de la Biennale et tout se déroulera entre l’île de Ngor et le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, du 21 mai au 23 juin 2022, informe la styliste.