Raconter avec le corps et compléter par les mots, ainsi pourrait se résumer «If there is no sun», le spectacle du projet de recherche et de production de la chorégraphe italienne Irene Russolillo, le vidéaste Luca Brinchi, la musicienne italo-libérienne Karima 2G, les danseurs sénégalais Antoine Danfa, Mapathé Sakho et le performeur tunisien Ilyes Triki, qui s’est déroulé mardi dernier au Centre culturel Blaise Senghor.Par Ousmane SOW

– La chorégraphe Irene Russolillo et le vidéaste Luca Brinchi sont à Dakar, accompagnés de la musicienne et performeuse italo-libérien­ne Kari­ma 2G, la compagnie de danse de la 5ème dimension du Sénégal constituée par Antoine Danfa et Mapathé Sakho et le performeur tunisien Ilyes Triki, pour une résidence au cours de laquelle ils poursuivront le travail sur l’œuvre chorégraphique et vidéo «If there is no sun», c’est-à-dire s’il n’y a pas de soleil. Il est également prévu en juin 2022, en Italie, une résidence de 5 semaines de création dans le but de concevoir une nouvelle production, informe Irene Russolillo, danseuse, actrice, performeuse et chorégraphe. Ce projet de résidence artistique est réalisé en étroite collaboration entre le Centre culturel italien et le Centre culturel Blaise Senghor. A travers différents styles de dan­se, notamment danse contemporaine, traditionnelle, krump et hip-hop, les six artistes ont présenté les premiers résultats de cette étape de création. Durant tout le spectacle, même si la musique off s’ingérait parfois, l’expression corporelle était plus présente. Leur chorégraphie, leur style, fait merveille. Et tout le public se retrouve dans leurs créations. Leur danse convoque les styles de tous les continents. Les danseurs Antoine Danfa, Mapathé Sakho, le performeur tunisien Ilyes et la performeuse italo-libérienne Karima 2G synthétisent fort bien les gestuelles de la danse contemporaine et celle traditionnelle, tandis que Irene Russolillo, elle, part de ses propres fantasmes pour élaborer des œuvres qui mêlent performance, chant et danse. La configuration de ce spectacle répond pareillement à l’objectif de ce projet, qui est partie du concept de communauté, en­tendu comme un ensemble de personnes unies par des liens d’appartenance ou qui partagent les mêmes comportements et intérêts, comme une «communauté» mais aussi «fa­mille», «amitié», «rituel», «paysa­ge», afin d’éclaircir quand il y a l’obscurité.
Eclaircir des questions qui sont en rapport avec des cultures différentes. «Là, il y a deux Italiens, une Italo-Libérienne, un Tunisien et deux Séné­galais. Donc, c’est un groupe mixte. Mais, ça va encore plus loin parce que le projet, ce n’est pas simplement de voir les choses différentes entre les cultures, mais c’est aussi de partager des visions par rapport à l’évolution du monde, à la cohabitation sur cette terre, au voyage, à la migration. Et pour pouvoir parler de tout ça, ce n’est pas tout à fait évident», a expliqué Irene Russolillo avec passion.
Par ailleurs, après une première phase de rencontres en ligne, le projet qui s’est développé depuis 2021 à travers des résidences en Tunisie, au Sénégal et en Italie, le directeur artistique de la compagnie de danse de la 5ème dimension, Jean Tamba, qui est aussi chorégraphe, aimerait bien ac­cueillir le spectacle à Dakar. «On espère bien retourner dans 2 ans, pour apporter le spectacle ici au Sénégal mais pas qu’à Dakar. Le vrai souhait, c’est de l’apporter dans les régions pour avoir des publics qui ne sont pas seulement habituels au théâtre contemporain», répond la choré­graphe Irene Russolillo. S’il n’y a pas de soleil est une création dans laquelle les notions et intuitions liées aux lieux et personnes qui font partie de ce voyage, interagissent laissant le point d’observation se déplacer constamment. En dénouant les nœuds de la distance, les auteurs imaginent la naissance d’une nouvelle communauté que danse et création vidéo veulent raconter. Pour rappel, ce projet né en 2020 dans le cadre de «Crisol- processus créatifs», est conçu par un réseau d’organisations italiennes et internationales pour favoriser les occasions de rencontre et les processus de co-création entre artistes italiens et africains.