Danseuse professionnelle : La danse au scanner de 314
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314, danseuse professionnelle, mène les curieux dans son univers de danseuse professionnelle et entraine le public telle une girouette qui suit le vent, dans sa danse à chiffres magiques !
Où elle passe, elle attire tous les regards et pour elle, c’est cela qui importe. Pour un artiste l’habillement, la façon de penser, les actes, les paroles, tout compte. 314 répand donc dans ses moindres mouvements son art, la danse. Cette Gouney Mbotty pom est une jeune danseuse autodidacte qui, depuis son plus jeune âge, s’amusait dans les foscos et l’émission de Aziz Samb, Oscar des vacances. Puis en 2010, après avoir participé au Festival mondial des arts nègres (Fesman), elle commença à se professionnaliser. Créant même en 2011 son propre groupe de danse nommé Ndat-saay. Après cela, 314 participera à plusieurs stages de danse nationaux. Par exemple, celui offert par Fatou Samb, Fatou Cissé, Malick Noël Cissé, Gacirah Diagne lors de la Journée internationale de la danse, ou encore celui animé par 4 dames des danses d’Afrique, tout récemment à l’Ecole des sables.
Apprendre les différentes techniques de danse, se perfectionner, maitriser davantage son art, être en mesure de décortiquer les moindres pas, les moindres mouvements, c’est ce à quoi aspire cette dame qui comprend qu’apprivoiser son art, c’est être doué ! Peut être l’est-elle déjà puisque Youssou Ndour, Adiouza, Daddy, Carlou D, Daara J African, Gaston, Coumba Gawlo, tous ces grands noms de la musique sénégalaise ont accepté qu’elle pose sa marque dans leurs clips. Même le jury du spectacle l’Afrique à un incroyable talent à été séduit par les talents de 314 et de son groupe Ndat-saay ! Retenus sur plus de 400 candidatures pour faire partie de cette émission qui en comptait 30 en tout, 314 et ses 5 camarades de Ndat-saay ont tenu jusqu’aux demi-finales. Pour elle même si ce fut une belle aventure mais…
…Ce n’est pas toujours facile de mener la danse…
«Mon père n’acceptait pas que je fasse de la danse, parce qu’il voulait que je réussisse d’abord dans les études», confie-t-elle. En tant qu’enseignante de mathématiques et présidente des astronomes du Sénégal, 314 comprend que son père soit plus attaché aux études qu’à la danse. Mais elle a su le convaincre avec le temps, puisque qu’aujourd’hui c’est lui-même qui l’aide dans certaines de ses démarches administratives. «Je partage son point de vue tout de même. Parce que dans la vie, c’est bien aussi d’être un intellectuel», lance-t-elle, comme si elle commettait quelques infidélités à son amour la danse. Pourtant plus tard, elle avouera qu’elle aime la danse plus que tout et que si elle a échoué au bac, c’est parce qu’il y avait le Fesman. «J’étais plus concentrée sur le Fesman.»
Par ailleurs la jeune danseuse note qu’évoluer dans la danse et mener un groupe de danse, c’est pas de tout repos. Parce qu’à côté de ceux qui sapent le moral et déstabilisent l’artiste de l’extérieur et te disent il faut choisir une autre voie, il faut aussi faire face à quelques difficultés en interne. «Au Sénégal c’est difficile de créer un groupe de danse. Quand vous êtes 4 par exemple, il y a un qui croit et tout le reste fait semblant. Du coup, quand on fait 1 an, 2 ans, ça n’avance pas, au lieu de chercher ce qui bloque pour le résoudre et aller de l’avant, on préfère quitter, faire autre chose», se décourage-t-elle. Narrant ensuite sa propre expérience vécue avec son groupe Ndat-saay. «J’ai commencé avec plusieurs personnes, d’abord à l’école avec les foscos, quand ces derniers ont quitté, j’ai créé Ndat-saay en 2011. Il y a presque 30 filles qui y sont passées. Elles quittent parce qu’elles ne croient pas en elles. Etre une danseuse au Sénégal, c’est difficile, croire en soi, continuer à danser», analyse-t-elle avec une pointe d’amertume. Outre cela, 314 fustige le manque de soutien des autorités de tutelle. « On a fait le tour du Sénégal. On a des projets à Paris mais il y a certains blocages. L’Etat doit nous aider. On a un bureau culturel mais on se demande s’ils travaillent vraiment, ils ne suivent pas les artistes», martèle-t-elle encore.
…Mais en apprenant, on mène sa barque
Ce n’est pas pour rien que 314 continue à faire des stages malgré son talent. Pour elle, la danse ça s’apprend ! S’adressant aux danseurs sénégalais, la meneuse de Ndat-saay remarque qu’ils ne décortiquent pas correctement les pas de danse. «Si les Européens disent que le sabar est brouillon, c’est en partie à cause de ces danseuses qui ne prennent pas la peine de décortiquer les pas. Elles mettent leurs mains partout… Il n’y a aucune justesse. Certaines ont la justesse mais la majorité ne l’a pas», souligne-t-elle. C’est donc toute l’importance que 314 accorde aux stages qui, en plus de lui apporter plus de précision dans ses pas, l’aident aussi à améliorer sa façon de penser la danse. «Les stages me permettent d’avoir plus d’idées dans la tête. Où aller ? Qu’est-ce qu’il faut faire pour y aller ? Que la danse peut faire vivre. Et quand on danse avec une autre personne qui n’a jamais fait de formation professionnelle, on voit automatiquement la différence. Le professionnel aura une maitrise de certaines techniques, que l’autre n’aura pas. » Cette jeune demoiselle songe à pousser son groupe Ndat say plus loin. Et pourquoi pas faire des tournées internationales et en passant, créer un festival de danse tous les ans ? C’est bien ambitieux comme projet, mais on peut bien mener sa barque en dansant !