Le choix du joueur de bonneteau, illusionniste et tacticien, qui décide de se vautrer dans les «petites histoires» et de nous destiner à un vaudeville politique à la Alpha Condé, serait funeste pour notre pays. Tomber dans le «tout ça pour ça», en reconduisant les mêmes têtes et ne privilégiant toujours pas la Patrie plutôt que Le Parti, ouvrirait le futur du Sénégal à des soubresauts dangereux, pour nos concitoyens.
Le président de la République, Macky Sall, a fait part mercredi, de sa volonté d’initier une révision de la Constitution, en vue de la restauration du poste de Premier ministre. «Cette restauration, qui vient ainsi adapter l’organisation du pouvoir exécutif à un nouvel environnement économique et socio-politique, s’accompagne d’une nécessaire requalification des rapports entre l’exécutif et le législatif, notamment la réintroduction de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale et le pouvoir de dissolution de celle-ci dévolu au président de la République», explique le texte.
Le président de la République sera-t-il un Homme d’Etat visionnaire ou un simple joueur de bonneteau, ce jeu où l’on mélange les cartes pour, abracadabra, restituer les mêmes ? Entrer dans l’Histoire ou se vautrer dans les petites histoires ? «Comme ti veux ti choises» !!! Sauf, Votre Respect Monsieur le Président… Il ne tient qu’à vous de faire le «Choix de l’Histoire» et de sortir par le haut de ce brouhaha du «3ème mandat», qui nous a tympanisés pendant 3 ans et qui a relégué les problèmes sérieux, qui assaillent le Sénégal, au second plan. Il est temps d’effacer de nos mémoires étourdies et incrédules, l’entretien accordé à la presse le soir du 31 décembre 2019, où, répondant à la question d’un mandat supplémentaire, vous aviez botté en touche, en convoquant un «ni oui, ni non», justifiant cette pirouette par le fait que, dans l’option «du j’y vais pas», plus personne dans votre gouvernement ne bosserait, préoccupés qu’ils seraient tous à faire des danses du ventre devant tel ou tel autre supposé successeur. Vous, Le président de la République, disiez donc froidement, à 13 millions de Sénégalais ahuris, que vous n’étiez entouré, de fait, que par une bande d’opportunistes. C’était déjà bon à savoir. Valait mieux entendre ça que d’être sourd.
Les temps ont changé et personne n’ignore, à commencer par le Chef de l’Etat, que depuis lors, beaucoup d’eaux sont passées dans les rigoles bordant les magasins Auchan, eaux salvatrices, sortant des lances des pompiers pour apaiser une Rue Publique, en pleine incandescence au mois de mars dernier. Ce n’est assurément pas temps, dans un pays qui sent le gaz, de jouer avec des allumettes. A y regarder de près, les évènements de mars 2021 hantent toujours les esprits. Surtout avec les tensions politiques ambiantes, à deux mois des élections locales. Alors, il faut bien penser au fait que c’est la structure qui conditionne la stratégie d’un quelconque changement institutionnel.
D’aucuns convoquent l’idée que c’est la future responsabilité panafricaine du Président Macky Sall, qui a nécessité cette volonté de restaurer le poste de Premier Ministre. Pourquoi pas d’ailleurs ? Le poète et néanmoins très fin observateur de notre vie politique, Amadou Lamine Sall, a su dessiner ce profil attendu d’un Premier ministre, qui permettrait à Son Excellence Macky Sall de prendre de la hauteur et de ne considérer, dans cette démarche de la plus haute importance, que l’intérêt vital de notre pays et le renforcement d’une démocratie, quelque peu chahutée ces derniers mois. Pour Amadou Lamine Sall, «le futur Premier ministre du Sénégal sera forcément une femme ou un homme politique. D’autres rêvent du contraire. Et si forcément, il doit être issu de l’arène politique, puisse-t-il en être le moins visible, le moins vengeur, le moins sectaire, le moins englué et le moins orgueilleux. Cet homme ou cette femme politique existe, même si à la vérité, le marché sénégalais offre peu de produits frais». Avant d’affiner le profil, en suggérant que : «Notre futur Premier ministre doit être responsable, conciliant, sérieux, intraitable, intransigeant, consensuel, juste et infatigable sur le terrain et proche des populations. Monsieur le président de la République, surprenez-nous !!!», conclut, dans un élan d’optimisme, notre élégant poète.
Aujourd’hui, la question, qui taraude l’esprit de bien des Sénégalais, est de savoir quel est l’homme ou la femme nommée pour occuper le prestigieux poste, sans retourner à la situation ante, avec des loups aux dents longues tout autour de la proie ? Dans la mesure où le moment est venu de préparer un éventuel successeur, si le chef de l’Etat n’a pas, comme il l’a déjà dit, l’ambition de briguer un troisième mandat. Alors, il sera temps de proposer un climat apaisé, pour mettre en route la transition et non sa succession, le «dauphinat» n’existant pas dans notre République.
En désamorçant dès la nomination du Pm, la question du 3ème mandat, le chef de l’Etat aurait l’avantage de couper l’herbe de l’affrontement envisagé avec son opposition la plus radicale et de mettre son pays en construction d’une transition apaisée et démocratique, prenant en considération les urgences qui conditionnent l’avenir du Sénégal.
En fait, la suppression du poste de Pm n’a pas servi à grand-chose. Elle a bien permis au Président Macky Sall de réussir son objectif, qui consistait à faire le vide autour de son pouvoir, en cassant notamment tous les ténors de son régime qui, légitimement, pouvaient aspirer à lui succéder à la tête du Sénégal. Parmi ceux-là : Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Aminata Touré, Oumar Youm, entre autres. Deux ans pour ça finalement, pour rien en fait. Mais pour Macky Sall, ce n’est pas deux ans pour rien. La seule raison du retour semble être l’accomplissement de la mission qu’il visait avec la suppression du poste, c’est-à-dire faire le vide autour de lui, brimer les appétits autour de sa succession.
«Tout ça pour…ça ?» s’interrogent les Sénégalais… Le Sénégal, dans son entièreté, espère que le Président saura trouver, dans ce pays qui déborde de talents et de compétences, 30 ou 40 jeunes Sénégalais, hors du champ partisan, auxquels il aura à transmettre, dans les règles démocratiques de l’art politique, tel un Zidane de la Politique, l’avenir de notre pays et à leur offrir de mettre en œuvre la Responsabilité Historique de marquer leur Génération. Devenir le pivot autour duquel s’est construite la rupture d’avec notre vieille classe politique, qui date sur les images du désuet «Dialogue National», et qui ne semble préoccupée que par sa juteuse survie. Il a 2 ans pour dire qu’il ne se représente pas et prendre l’initiative d’être impopulaire, du fait de décisions nécessaires et contraignantes, et de n’être plus préoccupé que par le devenir des générations futures.
Toute hésitation serait œuvre d’apprenti-sorcier, qui jouerait contre son pays. Cela s’appelle une forfaiture. Alpha Condé en goûte, à ses dépens, la réelle signification.
Jean Pierre CORREA