De nombreux actes de violences ponctués par des morts et d’importants dégâts matériels rythmeront le chemin de Ousmane Sonko vers la prison. Tout part de sa condamnation par la Chambre criminelle de Dakar pour finir par une accusation de «vol avec violence du téléphone portable d’une femme gendarme» devant son domicile, sis à la Cité Keur Gorgui.Par Mamadou T. DIATTA –

Ousmane Sonko n’a pas déféré à la convocation de la Justice pour répondre des chefs d’accusation de viols et menaces de mort à l’encontre de l’ex-masseuse, Adji Sarr. Et il l’avait annoncé avec beaucoup de fermeté, dans la plupart de ses discours et sorties médiatiques. A l’arrivée, le chef de l’ex-parti Pastef écope d’une condamnation par contumace à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse.

Cette sentence sera suivie de violences inouïes ayant entraîné de nombreux morts et de gros dégâts matériels. La mise à sac de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ainsi que la mise à feu de certains de ses locaux et véhicules de ses services et d’autres particuliers y officiant frappent toujours les esprits. De même que les grosses pertes dont continuent de se plaindre et de s’indigner les acteurs du secteur privé.

Le leader de l’ex-parti Pastef restera barricadé dans sa maison pendant plusieurs mois, surveillé par les Forces de l’ordre. La levée du blocus de son domicile, sis à la Cité Keur Gorgui, n’interviendra que vers la fin du mois de juillet dernier. Cette mesure est justifiée par le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, par le fait que l’opposant avait arrêté ses «appels à l’insurrection».

Mais cette situation d’accalmie à la Cité Keur Gorgui sera interrompue le 29 juillet dernier. A la suite d’une altercation avec des gendarmes postés devant chez lui, Ousmane Sonko est arrêté. Il est accusé du «vol avec violence du téléphone portable d’une gendarme». Ce que le «Patriote» en chef conteste. Sonko reprochait à des éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds) présents devant sa maison de l’avoir filmé.

Il déclarait, alors, avoir «arraché le téléphone et demandé à la personne d’effacer les images qu’elle a prises», ce que cette dernière a refusé de faire, souligne l’opposant. Et ce dernier terminait son texte avec cet appel : «Je demande au Peuple de se tenir prêt pour faire face à ces abus sans fin.»

A cette accusation s’ajouteront sept autres chefs d’inculpation que le juge du premier Cabinet d’instruction du Tribunal de grande instance de Dakar lui notifiera. Oumar Maham Diallo inculpe ainsi le chef de l’ex-parti Pastef des délits d’«appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’Etat, actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves».

En réaction à cette mesure frappant Ousmane Sonko, le procureur de la République, Abdou Karim Diop, déclarait : «Cette arrestation n’a rien à voir avec la première procédure dans laquelle il a été jugé par contumace.»

Une position remise en cause à chaque conférence de presse par les avocats de la défense. Ousmane Sonko observera, pendant quelques semaines, une grève de la faim pour contester son incarcération. Cette diète conduira à son évacuation de la Maison d’arrêt de Sébikotane où il séjournait, à l’hôpital Principal de Dakar.
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