L’abject trafic de migrants noirs en Libye soulève, de par les temps qui courent, toute une bordée de désapprobations, de récriminations, pour ne pas dire, d’indignations. Abominable, affreux, honteux, scandaleux, mons­trueux, malheureux : ces qualificatifs ne sont pas de trop pour décrire ce phénomène dé­gradant,  humiliant et rabaissant pour l’espèce humaine ! En ce premier quart du 21ème siècle, l’on pensait que cette pratique déshumanisante est jetée aux orties, est allée meubler les musées de l’histoire ancienne. Que nenni !
Personne ne pensait que l’Afrique qui a été pressurée, écrémée, spoliée, «pogromisée», sucée jusqu’au trognon au cours des derniers siècles, voit de nos jours, ses propres fils s’adonner à ce commerce  des plus odieux. Ses enfants, fuyant le mal-vivre indicible dans leurs pays respectifs, empruntent des embarcations de fortune,  à la recherche d’un avenir meilleur, à la quête d’un pays de cocagne. Ils veulent rejoindre l’heureuse Alice, à l’Europe des Merveilles. Et, s’ils ne périssent pas souvent dans le ventre de l’Atlantique, ils sont réduits, souventes fois, en esclaves  et/ou de simples mendigotes. Qu’avons -nous fait à Dieu pour mériter un tel sort ? Le comble du malheur, c’est que c’est nous dans nous. Des Africains vendent des Africains en Libye. Que c’est triste ! «Je ne peux pas comprendre comment un être humain puisse se sentir si grandi au point d’en rabaisser un autre ?», s’interrogeait, avec étonnement, Gandhi, le «fakir» séditieux à moitié nu.
L’Afrique doit vivre au rythme de la modernité. Pour ce faire, il urge de reconsidérer l’exercice du pouvoir. J’accuse les tenants des destinées des populations d’Afrique d’être la principale cause de la situation inacceptable qui prévaut au niveau du continent noir. Ensorcelés par le matérialisme, ces goulus du pouvoir personnel astreignent la frange juvénile africaine à l’exil  par leur politique maladroite. Ils nagent dans l’opulence, dans un luxe insolent tandis que la majorité de leurs mandants côtoient, en permanence, d’avec la mouise, la misère… noire. Aberrant ! Oui ! Nous ne sommes pas pauvres, nous sommes appauvris, et par l’Occident et par une élite intellectuelle crispée dans ses propres intérêts !
Ibrahima NGOM Damel